Pourquoi l’hydrogène blanc est en train de devenir le nouveau Graal des compagnies énergétiques

Depuis quelques années, on observe une vive effervescence autour de l’hydrogène vert, désigné comme le digne remplaçant du gris, bien trop polluant. Mais cet H2 fabriqué à partir de sources d’énergie renouvelable pourrait en fait très vite se faire damer le pion par le blanc, l’hydrogène « natif ».

Pourquoi est-ce important ?

Très récemment, les décideurs politiques se sont mis en tête de favoriser l'hydrogène vert à tout va. L'Union européenne fait d'ailleurs partie de ses fervents partisans. Produit à partir de sources d'énergie renouvelable, il est censé permettre, entre autres, de décarboner le secteur industriel et celui des transports.

Dans l’actu : l’espoir naît autour de l’hydrogène blanc.

  • Depuis quelques mois, plusieurs projets sont mis sur pied partout à travers le monde autour de l’hydrogène blanc.
  • Il ne faut pas se réjouir trop vite, mais cet hydrogène natif a le potentiel de révolutionner le secteur énergétique.

Les explications : de quoi parle-t-on ?

  • Pour l’instant, l’hydrogène que l’on utilise doit être fabriqué : à partir de gaz naturel (gris), de gaz naturel avec captage des émissions de CO2 (bleu), de sources d’énergie renouvelable (vert) ou encore à partir de l’énergie nucléaire (jaune ou rose, il n’y a pas de consensus sur la couleur à utiliser).
  • L’hydrogène blanc, lui, n’a pas besoin d’être fabriqué. C’est celui que l’on peut trouver sous terre, naturellement. Et lui aussi n’émet que de l’eau lors de sa combustion.
  • Une ressource naturelle et « écolo » qu’il suffirait de pomper sous terre : le rêve est permis.

Un premier forage aux USA le mois dernier

La situation : où en est-on ?

  • Si le portrait dressé fait saliver les industriels, il convient de mesurer ses attentes. Jusqu’il y a peu, la communauté scientifique ne croyait pas vraiment en l’hydrogène blanc. Ils pensaient qu’il n’y en avait pas assez sous terre que pour pouvoir en tirer quelque chose. Mais depuis quelques années, la donne semble avoir changé.
    • Il faut dire que depuis plusieurs années déjà, le village de Bourakébougou, au Mali, est alimenté en électricité produite via de l’hydrogène blanc, issu d’un gisement – trouvé un peu par hasard – d’où sort de l’hydrogène pur à 98%. Cela fonctionne là-bas à très petite échelle. Mais cela fonctionne.
  • « Les géologues commencent à mieux comprendre comment, et où, ce gaz peut s’accumuler dans la croûte terrestre, dans des quantités parfois absolument considérables », explique ainsi Hervé Poirier, rédacteur en chef du magazine Epsiloon, à France Info. « De plus en plus de chercheurs sont convaincus que l’hydrogène blanc sera la prochaine source d’énergie majeure. »
  • Le secteur vient de connaître un net coup d’accélérateur le mois dernier. Pour la première fois, une société a entrepris un forage afin d’extraire de l’hydrogène blanc. On y pompe l’eau en vue de permettre aux gaz riches en hydrogène situés en dessous de pénétrer dans le puits. Il s’agira ensuite de déterminer, en laboratoire, la composition des gaz prélevés. Afin, finalement, de déterminer si le champ contient suffisamment d’hydrogène naturel pour pouvoir être exploité commercialement.
    • L’opération a commencé début mars dans le Nebraska, avec la firme australienne HyTerra aux manettes.
    • Les premiers résultats auraient normalement dû tomber dès ce mois d’avril, mais un problème technique – une pompe cassée – a retardé l’entreprise.
    • Notons que la genèse de l’opération remonte à 2019, lorsqu’une société américaine avait creusé un premier puits sur place et que de premiers tests avaient révélé des « concentrations élevées d’hydrogène ».
  • Dans le même temps, plusieurs dizaines de permis d’exploitation ont été accordés en Australie.
    • « Des gisements sont à l’étude en Espagne, en Chine, en Finlande, au fin fond de l’Atlantique. Et aussi en France, dans les Pyrénées-Atlantiques », note également Hervé Poirier.
  • L’engouement de plus en plus marqué pour cet hydrogène natif devrait bientôt permettre de savoir si l’on a vraiment affaire à un game changer, ou si les doutes initiaux étaient finalement bien fondés.
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