L’économie guyanienne s’envole à une vitesse enviée par de nombreuses économies dans le monde, porté par les projets de modernisation du gouvernement… Notamment l’essor inédit du secteur pétrolier, à la fois très lucratif et polluant.
Dans l’actu : Le Fonds monétaire international prévoit une croissance du PIB du Guyana de 38 % cette année, soit la plus élevée au monde.
- Une couronne que détient déjà le pays, d’ailleurs, avec une croissance record du PIB de 62,3 % en 2022.
- L’inflation a atteint 7,2 % à la fin de l’année 2022, alignée sur d’autres pays de la région, mais a diminué à 1,2 % en glissement annuel en juillet, principalement en raison de la baisse des prix dans les secteurs des transports et des communications.
- Le compte courant extérieur a affiché un excédent important en 2022, représentant 23,8 % du PIB, et un autre excédent substantiel est prévu pour l’année 2023.
- Les institutions bancaires sont également en bonne santé financière, avec une solide capitalisation et une liquidité adéquate.
- « Les perspectives de croissance à moyen terme sont meilleures que jamais », conclut le FMI, et cela devrait durer de nombreuses années.
En cause : les investissements réalisés dans la production de pétrole, laquelle porte littéralement le pays.
- La production pétrolière continuera de croître rapidement avec la mise en service de trois nouveaux champs approuvés entre 2024 et 2027, et un sixième champ devrait entrer en production au cours du premier semestre de 2028, indique le FMI.
- « De nouvelles découvertes pétrolières continueraient d’améliorer les perspectives de croissance », ajoute l’institution.
- Cela couplé à des impulsions budgétaires « modérées » pourrait permettre une expansion de l’économie avec une croissance du PIB en moyenne de 20 % par an entre 2024 et 2028, « sans créer de déséquilibres macroéconomiques ».
- Un investissement public qui devrait être principalement financé par les revenus pétroliers à moyen terme. C’est ce qu’on appelle un beau cercle vertueux.
Rayonnement du pétrole
Il y a plus : ces investissements ont également des retombées dans d’autres domaines de l’économie.
- Les secteurs des services et des fournitures connaissent aussi une croissance soutenue, tandis que l’agriculture, l’exploitation minière et l’extraction continuent d’afficher de solides performances.
- De plus, la croissance dans le secteur non pétrolier bénéficie de l’exécution rapide d’un programme d’investissement public ciblé sur les infrastructures de transport, de logement, et de gestion des inondations, ainsi que sur le développement du capital humain.
- La croissance du PIB non lié au pétrole a ainsi enregistré une augmentation (significative, soulignons-le) de 12,3 % au premier semestre 2023.
- Le FMI prévoit une croissance continue du PIB hors pétrole de 5,5 %, alors que le gouvernement poursuit ses plans ambitieux pour répondre aux besoins en développement.
En marge : On ne peut pas s’empêcher de noter que cette production de pétrole, aussi bénéfique soit-elle pour l’économie guyanienne, est une catastrophe pour le climat. L’extraction du pétrole, son traitement, son transport et sa combustion relâchent d’énormes quantités de gaz à effet de serre, on ne réinvente pas la roue. Ce qui n’empêche pas le FMI de « saluer les efforts des autorités en matière de climat ».
- Le FMI félicite le gouvernement pour avoir réussi à rétablir la « Stratégie de développement à faibles émissions de carbone », qui vise à utiliser de manière durable les ressources naturelles pour lutter contre le changement climatique, en préservant les forêts au Guyana. Sans jamais mentionner l’impact climatique de la production pétrole.
- L’institution met en avant la première certification à l’échelle de la juridiction pour les crédits carbone obtenue par le Guyana l’an dernier, lorsqu’elle a vendu 37,5 millions de crédits carbone pour 750 millions de dollars, l’une des plus grandes transactions au monde.
- Sauf que selon une enquête publiée en début d’année, cette « compensation carbone » ne vaut rien et permet aux entreprises de polluer beaucoup plus que ce qu’elles ont réellement évité par leurs financements en crédits carbone.
- Pire : ces derniers aggravent le réchauffement climatique en retardant la modification des comportements, puisque les consommateurs croient pouvoir continuer de consommer auprès de ces entreprises polluantes sans empirer la crise climatique.