Alors que la pénurie de semi-conducteurs ralentit (entre autres) les secteurs des smartphones et des voitures, Intel a annoncé son ambition d’ouvrir un nouveau site. Les ambitions du géant américain sont débordantes, mais elles prendront de toute façon du temps à être mises en oeuvre.
Intel a annoncé qu’il allait investir 20 milliards de dollars en vue d’ouvrir un nouveau site de production de semi-conducteurs. L’infrastructure comprendra deux usines et permettra d’employer 3.000 personnes. Sa construction donnera, elle, du travail à 7.000 ouvriers du bâtiment.
Le géant américain des puces a choisi l’Ohio et plus précisément la ville de New Albany, au nord-est de Columbus, pour établir ce nouveau projet d’envergure. Intel n’y possède jusqu’à présent aucune usine: c’est la première fois depuis 40 ans que l’entreprise s’installe dans un nouvel Etat américain.
Comme le note le New York Times, miser sur un Etat où il n’existe aucun site de fabrication de puces semble osé. Il faudra notamment convaincre les fournisseurs de gaz, de produits chimiques et de machines de production de l’y rejoindre. Toutefois, l’Ohio et New Albany offrent l’avantage de disposer de terrains bon marché, ainsi que l’occasion de recruter les diplômés en ingénierie de l’université d’Etat de l’Ohio, toute proche.
« Silicon Heartland »
Dans une interview accordée au Time, Pat Gelsinger, PDG d’Intel, a déclaré que la société s’attendait à ce que ce nouveau site devienne « le plus grand site de fabrication de silicium de la planète ». « Nous avons contribué à la création de la Silicon Valley », a-t-il déclaré, l’entreprise ayant son QG à Santa Clara depuis sa fondation, en 1968. « Maintenant, nous allons créer la Silicon Heartland ».
L’installation s’étendra d’abord sur 1.000 acres (404 hectares), mais elle pourrait, à terme, doubler de volume. Intel prévoit d’investir jusqu’à 100 milliards de dollars sur le site au cours de la prochaine décennie.
Les travaux débuteront cette année, pour une production qui devrait pouvoir démarrer en 2025.
Réduire la dépendance des USA vis-à-vis de l’Asie
« Ces usines créeront un nouvel épicentre de la fabrication de puces de pointe aux États-Unis, ce qui renforcera la filière nationale de fabrication d’Intel », a souligné Pat Gelsinger dans un communiqué.
Pat Gelsinger est devenu le PDG d’Intel en janvier 2021, année qui a vu l’entreprise américaine perdre sa place de premier vendeur de semi-conducteurs (en termes de chiffre d’affaires) au monde au profit de Samsung. Notons que le mastodonte taïwanais TSMC n’est pas compris dans ce classement, dans la mesure où il se concentre uniquement sur la production – et non sur la conception et la commercialisation.
Avec ses investissements, Intel doit permettre aux Etats-Unis de réduire leur dépendance à l’égard des centres de production asiatiques, qui ont la mainmise sur le marché. « Cet investissement est une immense victoire pour Intel, pour l’industrie américaine et pour les consommateurs américains, qui peuvent s’attendre à des prix plus bas au moment où nous faisons revenir à domicile la production des semi-conducteurs qui font tourner notre économie », a déclaré la secrétaire au Commerce, Gina Raimondo.
Le patron d’Intel rencontrera le président Biden à la Maison Blanche ce vendredi.