Le géant pétrolier américain ExxonMobil se retire complètement de Russie. La sortie de la société énergétique a été bloquée pendant un certain temps par l’autocrate russe Vladimir Poutine ; une bataille juridique acharnée de plusieurs milliards de dollars entre la société occidentale et le Kremlin semble imminente.
Le géant pétrolier ExxonMobil se retire complètement de Russie et accuse Moscou de « l’exproprier » d’un projet pétrolier
Pourquoi est-ce important ?
Il s'agit de la dernière rupture des liens énergétiques entre la Russie et l'Occident. Ces liens étroits sont sérieusement remis en question depuis l'invasion de l'Ukraine par le régime de Poutine. Les répercussions de cette guerre sont particulièrement importantes sur les approvisionnements énergétiques européens. Pratiquement tous les projets des entreprises américaines et européennes visant à exploiter les vastes réserves de pétrole et de gaz de la Russie ont été avortés.Les faits : La compagnie pétrolière ExxonMobil déclare qu’elle se retire complètement de Russie suite à « l’expropriation » par le gouvernement de son plus grand champ pétrolier et gazier dans le pays, Sakhalin-1.
- Le titan américain du pétrole affirme que le Kremlin a « mis fin unilatéralement » à sa participation au projet Sakhaline-1, dans l’extrême-orient russe, et que le champ a été confié à un opérateur national, rapporte le Financial Times.
Bataille juridique : le dernier rapport annuel de 2020 estime les opérations russes d’Exxon à 4,6 milliards de dollars.
- L’accusation d’Exxon selon laquelle la Russie a poussé la société à se retirer de Sakhaline-1 indique une possible tentative de la société de contester ses pertes devant un tribunal d’arbitrage international.
- « Nous avons fait tous les efforts possibles pour coopérer avec le gouvernement russe et les autres parties prenantes », a déclaré Exxon.
Le décret de Poutine
Contexte : Exxon a déclaré en mars dernier qu’elle prévoyait d’abandonner Sakhaline-1, dont elle assurait l’exploitation et dans laquelle elle détenait une participation de 30%. Toutefois, cette sortie du projet, qui impliquerait un retrait complet d’Exxon de Russie, n’a pas été du goût du Kremlin.
- Ainsi, en août, Poutine a signé un décret empêchant les actionnaires étrangers de certains projets stratégiques, dont Sakhaline-1, de vendre leurs parts.
- Ce décret était lié au conflit en Ukraine. Selon le Kremlin, il a été signé pour introduire des « mesures économiques spéciales supplémentaires », « en rapport avec les actions inamicales de certains États étrangers et organisations internationales ». Il est clair que Poutine a également pointé du doigt Exxon à cet égard.
- Un autre géant pétrolier, le norvégien Equinor, a aussi fait les frais de ce décret. Il a dû revendre ses parts dans différentes exploitations pour un euro symbolique à la compagnie pétrolière publique Rosneft.
- Poutine souhaitait qu’Exxon reste dans le pays car, selon des rapports de Bloomberg, il serait très difficile pour un nouveau propriétaire d’augmenter à nouveau la production en toute sécurité.
Production
Assèchement : en raison de la décision d’Exxon de quitter la Russie, le projet Sakhaline-1 est pratiquement à l’arrêt depuis mai. Le site produisait plus de 200.000 barils de pétrole par jour avant la guerre.
- La production s’est effondrée après que les sociétés occidentales ont cessé d’assurer les pétroliers de la société publique Sovcomflot, qui était l’une des cibles d’un précédent train de sanctions, selon Reuters.
- Voilà également un présage pour ce qui pourrait se passer avec la production de pétrole en Russie une fois que l’embargo européen sur le pétrole et les produits pétroliers russes sera entré en vigueur. Faute de repreneur, la production pourrait s’effondrer, causant des hausses de prix sur l’ensemble du marché pétrolier.
Nouvelle société d’exploitation
Forcing du Kremlin : au début du mois d’octobre, cependant, on a appris que le président russe avait à nouveau signé un décret, créant cette fois une nouvelle société d’exploitation. C’est le groupe pétrolier public Rosneft qui reprendra le projet.
- Le décret a donné à Exxon et aux autres investisseurs étrangers dans le projet un mois pour décider s’ils demandent à conserver leur participation dans cet immense gisement de pétrole et de gaz.
- Toutefois, Exxon n’a pas l’intention de soumettre une demande, indique une source du Financial Times familière avec le processus décisionnel de la société.
Japon et Inde
Parmi les autres actionnaires du projet figurent Rosneft, la société publique indienne ONGC Videsh et la société japonaise Sodeco. L’Inde et le Japon ont tenté de maintenir des liens énergétiques avec la Russie et pourraient essayer de continuer à participer au projet Sakhaline-1, comme ils l’ont fait pour d’autres champs pétroliers et gaziers.
(CP)