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Redémarrage de ses réacteurs nucléaires : la France perd-elle les pédales ?

Redémarrage de ses réacteurs nucléaires : la France perd-elle les pédales ?
(Getty Images)

Près de la moitié des réacteurs nucléaires français sont à l’arrêt. En cette fin d’année, bon nombre d’entre eux sont censés redémarrer, mais de nouveaux reports ont encore été annoncés. La France saura-t-elle tenir son calendrier ?

Pourquoi est-ce important ?

25 réacteurs nucléaires à l'arrêt sur 56, c'est déjà compliqué pour la France. Mais pour le marché européen de l'énergie, c'est un fameux manque : le pays était un important exportateur d'électricité. Dans le contexte actuel de crise énergétique, le continent entier est pendu aux lèvres de Paris.

Dans l’actu : Des dates de redémarrage reportées.

  • Vendredi, l’autorité compétente du parc nucléaire français, l’Autorité de la sûreté nucléaire (ASN), a demandé à EDF de reporter le redémarrage de quatre réacteurs nucléaires. En cause : lors des contrôles, des indicateurs de corrosion ont été remarqués. Les soudures doivent être réparées, et le redémarrage est reporté de deux mois, rapporte BFM Business.
  • Un des réacteurs, situé à Cattenom, non loin de la frontière belgo-luxembourgeoise, devait redémarrer le 17 novembre. Celui de Chooz, sur la Meuse non loin de Dinant, devait redémarrer en décembre.

L’essentiel : Une bonne partie du parc à l’arrêt.

  • Ce report met à nouveau en lumière la situation compliquée que connaît la France avec son parc nucléaire. En début d’année, des corrosions avaient été constatées dans les soudures des tuyauteries de certains réacteurs. Les réacteurs de ce type ont tous dû être mis à l’arrêt pour être inspectés. D’autres ont été mis à l’arrêt pour les maintenances habituelles. Plus la moitié du parc se trouvait à l’arrêt à la fin du printemps.
  • EDF a du mal à suivre le calendrier des relances. Il y a deux semaines, des grèves avaient déjà impacté la reprise de huit réacteurs, pendant dix jours.
  • L’énergéticien voulait relancer 13 réacteurs d’ici la fin du mois de novembre. Or, avec le feu rouge pour celui de Cattenom, cet objectif est déjà hors de portée. De plus, en deux semaines, seul un réacteur a redémarré. Sur les 56 réacteurs que compte l’Hexagone, 25 sont aujourd’hui à l’arrêt.
  • Or, EDF ne démord pas. Pour le premier janvier, le groupe veut réduire ce nombre à 10. Précédemment, la mi-octobre comptait comme date butoir pour atteindre ce quota, rappelle BFM.
  • Mais même si cet objectif est réalisé, la situation restera tendue. Il y aurait alors 48 GW d’énergie nucléaire (sur un total de 61,4 GW de puissance installée). Or, RTE, le gestionnaire du réseau, en demande minimum 45 pour la période, pour assurer le bon fonctionnement du réseau. Avec moins de 45 GW, on pourrait s’attendre à des problèmes d’approvisionnement. Au début de cette année déjà, RTE a failli dû faire recours à des coupures de courant, du côté des entreprises, pour garantir l’approvisionnement en électricité des ménages.

Le détail : Quelles alternatives?

  • A cause de l’été particulièrement sec, les réservoirs d’eau ont aussi connu une année compliquée. Mais la situation s’améliore : ils sont désormais remplis à 65%, soit un peu en dessous de la moyenne à cette période de l’année, qui est de 68,5%. Il y a aussi des différences entre les régions : certains réservoirs atteignent à peine 55%. Et pour les trois mois à venir, les précipitations devraient être moins élevées que les autres années. La France ne trouve ainsi pas de grande marge de manœuvre du côté des barrages (dont la capacité totale est estimée à 20 GW).
  • Mais le gouvernement demande néanmoins aux fournisseurs d’énergie de « débrider » la production d’électricité par barrages ou éoliennes (19 GW installés sur le territoire), en vue de passer l’hiver. La première source d’énergie est limitée par des taxes qui doivent être payées si la puissance est augmentée (la taxe devrait bientôt être supprimée), et la deuxième par des mesures en termes de bruit notamment. Ce débridage devra être vu site par site.
  • La France pourrait aussi compter sur son voisin allemand. Les deux se sont engagés à s’entraider : gaz d’ouest en est, et électricité dans l’autre sens.
  • Cela pourra aider la France à passer l’hiver, mais à échelle européenne, les années fastes des réacteurs français manqueront au marché. Les pays devront faire recours à d’autres sources, comme le gaz. Cela pourrait mettre une pression supplémentaire sur les réserves de gaz, actuellement pleines à 95%, mais qui doivent être remplies par la suite ; et cela ressemble déjà à un casse-tête.

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