La Fed va être confrontée à un choix douloureux l’année prochaine, met en garde l’économiste Mohamed El-Erian

Le célèbre économiste de chez Allianz remet en question l’objectif d’inflation de 2 % qu’a établi la Fed en 2012.

Dans l’actu : Mohamed El-Erian, président du Queen’s College de l’Université de Cambridge, prévient que la Fed sera confrontée à un choix difficile l’année prochaine, en raison de son objectif d’inflation de 2 %.

  • « La banque centrale la plus puissance du monde est maintenant confrontée à un choix désagréable pour l’année prochaine : écraser la croissance et l’emploi pour atteindre son objectif de 2 % ou valider publiquement un objectif d’inflation plus élevé et risquer une nouvelle série d’anticipations inflationnistes déstabilisées », a-t-il écrit le weekend dernier dans un éditorial publié dans le Financial Times.
  • La Fed a augmenté ses taux d’intérêt six fois cette année dans le but de réduire l’inflation, qui est encore de 7,1% aux États-Unis, selon les tous derniers chiffres du mois de novembre, qui sont tombés ce mardi.

L’enjeu : un objectif plus élevé serait plus raisonnable

  • L’économiste et président du Queen’s College de l’Université de Cambridge estime que, malgré les mesures présentes et futures de la Fed, l’inflation à la fin de l’année 2023 restera supérieure à son objectif de 2 %, de l’ordre de 4 % ou plus.
    • Une conséquence directe de l’accélération de la croissance des salaires et de la forte croissance mensuelle de l’emploi aux Etats-Unis.
  • Pour Mohamed El-Erian, un objectif d’inflation de 3 à 4 % serait plus raisonnable, compte tenu de l’instabilité de l’approvisionnement, de l’abandon des combustibles fossiles et d’une période prolongée de taux d’intérêt presque nuls. « Il est loin d’être évident que la Fed opterait pour cet objectif de 2% si elle devait repartir à zéro aujourd’hui. »
  • Mais abandonner cet objectif comporte aussi un risque : ça pourrait provoquer davantage d’inquiétudes vis-à-vis de la responsabilité, de la crédibilité et de l’autonomie de la Réserve fédérale américaine, souligne El-Erian.
  • « Pourtant, compte tenu de l’ampleur de l’incertitude économique et des fragilités financières, la Fed pourrait finir par penser que cette approche politique, loin d’être parfaite, pourrait être la meilleure ligne de conduite », a-t-il ainsi écrit.

Conclusion : le piège s’est refermé sur la Fed.

  • Ce n’est pas la première fois qu’El-Erian met en garde contre une politique trop agressive de la Fed. Il est d’ailleurs loin d’être le seul à penser que la banque centrale américaine va trop loin.
  • La double erreur originelle coûte cher à la Fed : d’abord, par le fait de ne pas avoir anticipé l’inflation, dont les signes étaient déjà très clairs en 2021. Ensuite, en affirmant que cette inflation allait être temporaire, alors que ce n’était que le début. Cette double erreur a poussé la Fed à réagir de manière trop agressive, avec les risques que cela comporte pour l’économie aujourd’hui. « C’est aussi son recours excessif aux politiques non conventionnelles au cours de la dernière décennie » qui nous a mis dans la situation actuelle », conclut l’économiste.
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