Certains anciens jeunes banquiers ont fait une croix sur une carrière pourtant prometteuse et assurée dans une banque d’investissement renommée, pour poursuivre la création de contenu sur Youtube. Insider les a rencontrés et leur a demandé les raisons derrière leur changement radical de carrière.
Les banques perdent leur attrait
- Le monde bancaire est secoué depuis 2021, avec 2 300 milliards de dollars d’opérations de fusion et d’acquisition annoncées dans le monde au cours des six premiers mois de l’année. Cela surcharge les banquiers seniors, toujours plus en manque de nouvelles recrues.
- En raison des confinements contraignants, de la lourde charge de travail et des conditions de travail pénibles, les grandes banques d’investissements font face à une redoutable pénurie de personnel.
- Pour répondre à cette pénurie, ces grandes banques se sont lancées récemment dans une surenchère des salaires pour attirer de nouveaux talents. Les nouveaux salaires annuels tournent aujourd’hui autour de 110 000$ (150 000 $ bonus compris).
- Mais ces concessions ne semblent toujours pas sécuriser les talents pour autant. Certains ont fait une croix sur cette carrière pourtant prometteuse et certaine, pour poursuivre la création de contenu sur Youtube.
Le cas de Chon
- Chon fait partie des quelques jeunes banquiers qui ont troqué leur carrière de banquier pour offrir des conseils en la manière sur les réseaux sociaux.
- Il a commencé sa carrière en tant qu’analyste chez JPMorgan en juin 2015. Il explique que sa semaine typique oscillait entre 70 et 110 heures de travail. Un jour, il a même enchainé 28 heures.
- « Pendant les six premiers mois, peut-être un an, j’étais assez enthousiaste d’être au travail, j’apprenais tellement de choses parce que je travaillais tellement d’heures », a déclaré Chon à Insider, ajoutant qu’il lui a fallu une autre année pour être vraiment à l’aise avec son travail.
- Il a pris la décision d’arrêter son job, trois ans plus tard, après que sa mère ait été diagnostiquée d’une maladie neurologique incurable.
- Aujourd’hui Chon raconte ses expériences de banquier à ses 40 000 abonnés et à plus d’un million de téléspectateurs sur sa chaîne YouTube, Rareliquid. Des exemples de sujets abordés sont: comment décrocher un poste dans une banque d’investissement, ce à quoi il faut s’attendre sur place, mais également des explications sur la technologie, les marchés et les cryptomonnaies.
- Malgré que son salaire ait baissé de 87%, il se dit être heureux de pouvoir être en Corée, aux côtés de sa mère malade. Sa maladie lui a fait réaliser que rien dans la vie n’était certain.
Le cas d’Afzal Hussein
- Comme Chon, Afzal Hussein était plutôt satisfait de sa carrière en finance, travaillant dans la gestion d’actifs de Goldman Sachs à Londres.
- Issu d’un quartier populaire et d’une famille nombreuse, il décrit son parcours comme étant « atypique » au sein de Goldman Sachs.
- Ce qui attristait Afzal dans sa position en finance était le manque d’impact qu’il avait sur le monde « en mettant un costume-cravate et en aidant les entreprises à investir' ».
- Son vécu lui a insufflé le besoin d’aider les minorités « à accéder à des rôles qu’ils ne pensaient pas pouvoir atteindre. »
- Aujourd’hui la chaîne YouTube d’Afzal compte désormais 87 000 abonnés et un peu moins de 6 millions de vues.
- « Si j’avais eu quelqu’un sur YouTube qui partageait tous ces conseils en or, cela m’aurait permis de gagner tellement de temps tout au long de l’université », a déclaré Hussein.
- Outre la diversification impressionnante de ses revenus grâce à sa chaine, Afzal a encore beaucoup d’idées de projet à élaborer.
- Il affirme que ses revenus actuels sont supérieurs à ceux de Goldman Sachs. « Je n’aime pas mettre un chiffre dessus parce que je ne veux pas que les jeunes se concentrent uniquement sur les chiffres », a-t-il affirmé.
Le cas d’Angela
- Une autre ex-banquière d’investissement à New-York, Angela, utilise aujourd’hui sa chaine, suivie par 10 000 abonnés, pour parler des aléas quotidiens d’une vie en finance.
Qu’est-ce que YouTube a donc de plus?
Le fait que la génération Z se tourne de plus en plus vers les médias sociaux pour obtenir des conseils en matière de carrière s’explique en partie par « le manque réel d’informations provenant du type de sources auxquelles on pourrait s’attendre », a affirmé Jim Meadows, directeur marketing d’une agence média spécialisée dans le marketing d’influence. « Ils deviennent généralement beaucoup plus avertis sur le plan financier et recherchent eux-mêmes ces informations dans les canaux où ils aiment passer leur temps ».
Un autre avantage de ces moyens de communication populaires est le ruissellement vers le bas d’informations vers les groupes minoritaires, généralement plus écartés ou moins exposés à ces informations. Pour y répondre, la banque d’investissement Morgan Stanley a ouvert un programme d’inclusion à Wall Street, et depuis peu à Londres, pour assurer une meilleure diversité de genre et d’ethnies au sein de leurs bureaux.
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