Alors que le climat n’est plus forcément favorable à toutes les Big Techs, la société de livraison fondée par Jeff Bezos ne connait pas la crise : en 2021 elle a réalisé un chiffre d’affaires de 137,4 milliards, conforme à ses prédictions pour le quatrième trimestre, et doublé son bénéfice net à 14,3 milliards de dollars. Mais ces très bons résultats sont quand même plombés par les difficultés économiques auxquelles sont confrontés les États-Unis.
« Amazon a réussi à dépasser les attentes aussi bien en matière de revenus que de profits, malgré une saison des fêtes globalement moins tonique pour le e-commerce en général » a commenté Andrew Lipsman, analyste de eMarketer et repris par BFM Business.
Des investissements dans les véhicules électriques
Des bénéfices faramineux qui s’expliquent par des investissements judicieux, comme dans le constructeur de voitures électriques Rivian, dont les actions sont en hausse de 9%, mais aussi et surtout par les mutations de nos habitudes de consommations provoquées par la pandémie. Peu de commerces peuvent encore se passer d’Amazon pour maintenir un fil d’Ariane et une option de livraison jusqu’à leurs clients.
Mais la société de livraison a elle aussi dû s’adapter à cette pandémie qui n’en finit pas et qui a renégocié les conditions de travail, ce qui a en fait tassé les bénéfices qu’elle aurait pu espérer cette année. Dans une société où de plus en plus d’Américains quittent volontairement leur travail, sans compter les absences dues aux contaminations, Amazon est en première ligne face à la pénurie de main-d’œuvre.
Au quatrième trimestre, son bénéfice opérationnel, indicateur clef de rentabilité, est ressorti à 3,5 milliards de dollars, moitié moins qu’il y a un an. Le manque de main-d’œuvre a coûté 4 milliards de dollars au groupe sur cette période, a noté le patron, Andy Jassy, lors de la conférence aux analystes: « Le variant Omicron pèse sur les capacités des entrepôts: beaucoup de gens sont en congé maladie, il faut des remplaçants. Dans certains cas, nous payons le double ou le triple pour la même heure travaillée. »
Lutte des classes dans les entrepôts
Amazon emploie désormais plus d’1,6 million de personnes dans le monde, pour un salaire qui, aux États-Unis, est passé à 18 dollars de l’heure. Une hausse inattendue pour une firme qui a longtemps été accusée d’exploiter et de sous-payer ses manutentionnaires.
Le groupe est d’ailleurs toujours en conflit avec des collectifs d’employés dans plusieurs de ses grands centres de tri, alors qu’il tente de les empêcher de créer des syndicats. Une autre raison sans doute d’augmenter les salaires pour Amazon, qui essaie de faire preuve de « bonne volonté » sur la question des conditions de travail. Quitte à y laisser 4 milliards, mais la bourse de la société est encore fort remplie. D’autant que ses actions ont bondit de 14% cette semaine à Wall Street : c’est leur plus forte hausse depuis 2012.