Malgré les sanctions occidentales, le patron de Wagner, Prigojine, fait toujours fortune

Evgueni Prigojine, connu comme propriétaire de l’armée mercenaire Wagner, a gagné plus de 250 millions de dollars avec ses autres sociétés ces dernières années. Fait remarquable, chacune d’entre elles figure sur les listes de sanctions de plusieurs pays occidentaux.

Pourquoi est-ce important ?

La question de savoir comment fonctionne l’argent provenant du Kremlin, mais aussi de divers oligarques russes devient de plus en plus clair. Dans le cas d'Evgueni Prigojine, on savait déjà qu'il pouvait obtenir de nombreux contrats gouvernementaux pour sa société de restauration, Concord Group. Mais plusieurs autres de ses sociétés opèrent principalement à l'étranger, apportant également de l'argent dans la poche du riche Russe.

La conquête des champs pétrolifères

L’essentiel : en quatre ans, Prigojine a amassé 250 millions de dollars. Et ce, bien que ses sociétés et lui-même aient été sanctionnés.

  • Le Financial Times a mené une enquête sur les flux financiers de Prigojine, ainsi que sur les entreprises liées au groupe Wagner, qui figurent également sur les listes de sanctions des États-Unis, du Royaume-Uni ou de l’Union européenne.
  • Le média britannique a ainsi rappelé qu’en 2018, par exemple, les États-Unis ont placé la société Evro Polis sur la liste des sanctions. Cette société a reçu des concessions pétrolières en cadeau du président syrien Bachad el-Assad. En échange, des mercenaires Wagner seraient utilisés pour reprendre des champs pétroliers supplémentaires à l’organisation terroriste État islamique. Les sanctions semblent toutefois avoir peu d’effet : en 2020, la société a engrangé 90 millions de dollars de bénéfices. L’année suivante également, la société a déclaré 92 millions de dollars de liquidités.
  • M Invest aussi, fournit à Prigojine des liquidités considérables. Cette société gère quelques mines d’or au Soudan, et est en bonne relation avec le régime et certaines armées mercenaires de ce pays. En outre, Prigojine utilise cette société pour faire entrer les mercenaires de Wagner dans le pays, où ils combattent les rebelles du Sud-Soudan. L’équipe de recherche du FT écrit que la société a été placée sur la liste des sanctions américaines en 2020 ; elle a vendu pour 2,6 millions de dollars de marchandises l’année suivante.

Or et diamants

Par ailleurs, outre Evro Polis et M Invest, Prigojine possède d’autres sociétés. Quelques-unes s’en sont moins bien tirées après les sanctions, d’autres n’ont pas été touchées.

  • Par exemple, l’enquête montre que Mercury LLC, une société opérant en Syrie dans le secteur pétrolier, a été fermée après avoir été sanctionnée par l’UE en 2021. Avant les sanctions, l’entreprise avait pu enregistrer des revenus de 67 millions de dollars sur trois ans.
  • Lobaye Invest, en revanche, n’est nulle part mentionnée dans l’enquête du journal britannique. Cette société, également détenue par l’oligarque russe, a reçu l’autorisation du président de la République centrafricaine, Faustin-Archange Touadera, d’exploiter des diamants et de l’or dans le sud du pays. Le groupe Wagner est également actif dans ce pays : quelque 1.000 à 2.000 mercenaires y sont présents pour sécuriser les mines d’or contre les rebelles.

(JM)

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