Feu vert des Américains : l’Ukraine peut riposter en frappant des cibles en Russie

Le Pentagone, le ministère américain de la Défense, a informé l’Ukraine qu’elle bénéficiait d’un soutien pour le bombardement de cibles militaires en Russie, selon des révélations du Sunday Times. Une décision qui pourrait avoir des implications fermes pour la guerre.

Pourquoi est-ce important ?

Presque immédiatement après le début de la guerre, la Russie a averti son adversaire de ne pas riposter avec des tirs sur des cibles situées sur le territoire russe, de peur que cela entraîne une escalade de la guerre, voire l'utilisation d'armes nucléaires. Neuf mois et d'innombrables attaques contre la Russie plus tard, ce risque d'escalade semble bel et bien fort restreint.

Dans l’actu : Le Pentagone consulte l’Ukraine au sujet des attaques contre la Russie.

  • Ces dernières semaines, plusieurs attaques de drones ukrainiens ont eu lieu sur des bases aériennes en Russie. Deux bombardiers à long rayon d’action Tupolev Tu-95, que la Russie utilise pour tirer des missiles de croisière sur les villes et les infrastructures énergétiques ukrainiennes, ont notamment été touchés.
  • La Russie a toujours prévenu que de telles attaques entraîneraient une escalade dans la guerre. Après les attaques de drones, une autre vague de missiles a bien eu lieu, mais elle était prévue depuis un certain temps ; il y a peu de signes d’une véritable escalade.
  • Les officiers américains du Pentagone le voient également, et ils en font part aux décideurs politiques de la Maison Blanche. Ceux-ci sont maintenant parvenus à un accord : L’Ukraine obtient le feu vert pour riposter sur la Russie elle-même.

Les conséquences : Les États-Unis livrent-ils aujourd’hui des missiles qui ont une portée beaucoup plus grande ? Et que dire des menaces de la Russie de déployer des armes nucléaires ?

  • Ce feu vert pourrait ouvrir la porte à la livraison des missiles ATACMS. Il s’agit de projectiles tirés par des systèmes HIMARS qui peuvent atteindre des cibles situées jusqu’à 300 kilomètres de distance. L’Ukraine en demande depuis bien plus longtemps, mais les États-Unis ont toujours refusé la livraison. L’argument était que cela permettrait à l’Ukraine de frapper la Russie sur son propre territoire ; un argument qui n’est plus valable aujourd’hui.
  • Il y a aussi la menace nucléaire. La Russie ne cesse de menacer de déployer des armes nucléaires si l’Ukraine les frappe sur son propre territoire. Toutefois, le moment où ce déploiement d’armes nucléaires serait déclenché ne cesse de changer : tout d’abord, la Russie a exigé que l’Ukraine ne frappe pas de cibles en Crimée, ce qui est devenu courant depuis.
  • Cette menace nucléaire ne semble donc pas trop sérieuse pour le moment. Au sein de la structure de pouvoir russe, de nombreux maillons doivent coopérer pour tirer une telle bombe nucléaire ou un tel missile, et grâce aux satellites, aux avions espions et aux drones, l’Occident voit parfaitement quand la Russie sort une arme nucléaire des hangars.
  • En outre, il ne faut pas non plus oublier l’expérience de Poutine de la guerre froide : il sait parfaitement quelle sera la réaction de l’Occident en cas de déploiement d’armes nucléaires, et y réfléchira donc à deux fois avant d’effectivement les utiliser.

(CP)

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