Aux États-Unis, l’inflation a atteint son plus haut point depuis 40 ans. En mars, elle était de 8,5%. Une hausse qui n’échappe évidemment pas aux portefeuilles des Américains, mais fort heureusement, il se pourrait bien que l’inflation ait finalement atteint un pic.
Cette semaine, la Réserve fédérale devrait logiquement annoncer une nouvelle hausse des taux d’intérêt, en réponse à l’inflation galopante qui touche les États-Unis – mais pas que. Une réaction qui fait craindre le pire aux investisseurs, car l’accélération du rythme des hausses des taux d’intérêt pourrait faire plus de mal que de bien et entrainer une récession de l’économie. Mais pour le stratège en chef du marché pour LPL Financial, l’avenir ne serait pas aussi sombre.
Il estime en effet que l’inflation pourrait bien avoir atteint son plus haut niveau et, donc, qu’elle s’apprêterait à baisser, de sorte que la Fed pourrait finalement commencer à réduire les taux d’intérêt d’ici le second semestre. Un avis partagé par les analystes d’UBS qui estiment que l’inflation a certainement culminé en mars et qu’une forte chute est attendue.
Pour le stratège, trois indicateurs économiques clés nourrissent sa pensée ; une baisse des prix des voitures d’occasion, un manque d’inflation persistante et un relâchement relatif du chaos que connait la chaine d’approvisionnement depuis de nombreux mois, même si dans ce dernier cas, un revirement de la situation n’est pas à exclure en raison des confinements imposés en Chine.
Baisse des prix des voitures d’occasion
S’offrir une voiture neuve est devenue compliquée ces derniers mois, du fait de la pénurie de puces électrique liée à l’étranglement de la chaine d’approvisionnement, mais aussi de la guerre en Ukraine qui a provoqué une pénurie de matières premières nécessaires à la construction de voitures neuves. Une situation qui a eu pour effet de faire grimper le prix des véhicules d’occasion : une hausse de 45% en février par rapport à l’année précédente, selon le Manheim Used Car Value Index.
Deux mois plus tard, ce chiffre n’était plus que de 25%. Une tendance à la baisse qui pourrait être de bon augure et qui ne serait pas exclusive au marché des voitures d’occasion, selon le stratège.
Une inflation qui n’est pas persistante
Comme le rappelle CNN, il existe deux types d’inflation : la persistante et la flexible. La première fait référence à des biens dont le prix a tendance à évoluer plus lentement, mais de manière permanente, comme les loyers, les transports en commun, l’assurance automobile ou encore les frais médicaux, alors que la seconde concerne plutôt les biens dont le coût grimpe et chute plus rapidement ; l’essence, les vêtements, le lait. Elle est plutôt transitoire.
La dernière fois que l’économie américaine a connu une stagflation, dans les années 70, les deux types d’inflations ont augmenté, ce qui n’est pas le cas à l’heure actuelle. L’inflation persistante est restée relativement stable par rapport à l’inflation flexible ce qui suggère que la crise pourrait n’être que temporaire.
M. Detrick estime que l’inflation flexible, après avoir été étirée vers le haut, reviendra plus ou moins à la normale dans un avenir plus ou moins proche.
Un peu de répit pour les chaines d’approvisionnement
Le troisième point qui suggère que l’inflation américaine pourrait avoir atteint un pic et que donc, elle s’apprêterait à baisser repose sur un relâchement de la chaine d’approvisionnement mondiale, et ce, malgré les confinements imposés en Chine. Si les entreprises peuvent obtenir plus facilement des biens, les prix des matériaux vont forcément baisser et cela se ressentira dans le portefeuille des consommateurs.
Selon les chiffres de LPL Financial, les tarifs d’expédition de Shanghai à Los Angeles, New York et Rotterdam ont chuté de 28% en moyenne par rapport au prix de l’année dernière, comme le souligne CNN. Les délais de livraison s’améliorent également, les retards sont en baisse.
Si Ryan Detrick estime que certains signes annoncent effectivement une baisse de l’inflation américaine, notamment pour les biens durables, il n’exclut pas qu’il puisse s’agir d’un moment d’accalmie avant de nouvelles hausses de prix.
Cela dépendra malheureusement beaucoup de l’évolution de la guerre en Ukraine, car si les États-Unis ne sont pas autant impactés par le conflit que l’est l’Europe – les États-Unis répondent en très grande majorité à leurs besoins énergétiques –, le pays n’est pas à l’abri de répercussions sur son économie. Comme l’a souligné le stratège, l’évolution du coronavirus et la gestion de la crise par la Chine pourraient également anéantir une baisse de l’inflation américaine.