En dehors de quelques connaisseurs du monde des crypto, peu connaissaient les NFT (non-fungible tokens) il y a encore 12 mois. Aujourd’hui, ces œuvres numériques pèsent 41 milliards de dollars. Le Financial Times revient sur leur ascension irrésistible.
« Cette année, le marché du NFT a explosé, passant d’un marché inférieur à un milliard de dollars à une industrie de plusieurs dizaines de milliards », a déclaré Mason Nystrom, analyste de recherche au sein de la société de données cryptographiques Messari.
La folie des NTF a touché le grand public lorsqu’une œuvre de l’artiste Beeple s’est vendue pour 69,3 millions de dollars chez Christie’s, en mars dernier. L’artiste avait alors réagi par un tweet laconique: « Putain de merde. »
Ces œuvres numériques dont les certificats de propriété sont enregistrés sur la blockchain – la technologique derrière les crypto-monnaies – se sont alors bousculées dans les salles de vente comme dans les médias: les collections de Beeple, CryptoPunk 7804, le premier tweet de Jack Dorsey (patron de Twitter), la collection Rick et Morty, le code source du World Wide Web jusqu’au premier SMS envoyé par un téléphone portable. Même les équipes de sport ont plongé dans la hype.
Les NFT ont autant de détracteurs que de défenseurs. Deux camps s’opposent. Pour le premier, il ne s’agit rien d’autre que d’une immense bulle prête à éclater. De la pure spéculation alimentée par des baleines (whales) – ces gros investisseurs qui détiennent la plupart des actifs. Et c’est une réalité: 9% des propriétaires de NFT détiennent 80% de la valeur du marché. En outre, il s’agit d’un marché en proie à la fraude et à l’escroquerie, l’identité des acheteurs étant la plupart du temps inconnue, et par définition intraçable sur la blockchain.
Métavers
Les pro-NFT répondent que la spéculation est également propre au marché de l’art traditionnel. Ils sont des collectionneurs professionnels comme on en retrouve dans le marché de l’art. À titre de comparaison, le marché de l’art pesait quelque 50 milliards de dollars l’année dernière.
Mais les NFT ne se limitent pas à des oeuvres numériques que l’on collectionnerait, ajoutent-ils, dans les colonnes du Financial Times. Au-delà d’un investissement à long terme qui pourrait rapporté gros – ce qui n’est pas le cas actuellement – il pourrait s’agir d’un nouveau moyen pour rémunérer les artistes à plus long terme, une sorte d’évolution des droits musicaux pour les artistes. L’aspect « financiarisation » est aussi mis en avant: utiliser un NFT comme garantie pour un prêt par exemple. Le NFT pourrait enfin prendre toute sa valeur dans le métavers, ce monde virtuel rempli d’avatars numériques où chacun aimerait se faire une place. Afficher un NFT prestigieux sur son mur numérique: so chic !
Tout cela peut paraitre bien loufoque actuellement. Mais on promet au métavers d’être une révolution tout aussi grande que l’a été l’internet. Qui à la fin des années 90, pensait qu’internet, qui proposait alors des services équivalents aux pages jaunes, allait être la révolution de ce début de 21e siècle ? Mieux vaudrait ne pas se moquer trop vite.