En se retirant de l’Accord de Paris, ‘Trump a rendu un mauvais service aux travailleurs américains’

Selon certains économistes, le président Donald Trump (ou son successeur) fera perdre aux États-Unis leur leadership lorsqu’ils se retireront de l’Accord de Paris, en novembre prochain. Les coûts de l’énergie propre ont diminué et les risques de catastrophes climatiques ont augmenté, ce qui va à contresens des arguments que le président américain avait avancés lorsqu’il avait annoncé vouloir retirer les États-Unis de l’Accord. 

En novembre 2019, les États-Unis avaient formellement notifié l’ONU de leur sortie de l’accord de Paris sur le climat. Un retrait déjà décidé en 2017 par dans la tête de Donald Trump. Cette étape avait alors enclenché un compte à rebours d’un an avant que Washington ne puisse quitter l’accord de façon effective. Le retrait devrait donc réellement prendre effet le 4 novembre prochain, au lendemain du scrutin. 

En quoi consiste cet accord? L’objectif central de l’Accord de Paris est de maintenir l’augmentation de la température mondiale à un niveau bien inférieur à 2°c et de poursuivre les efforts pour limiter encore davantage l’augmentation de la température à 1,5°c. 

Que Trump reprochait-il à cet accord ? Les États-Unis, sous la direction de Barack Obama, s’étaient engagés à réduire leurs émissions de 26% à 28 % d’ici 2025 par rapport aux niveaux de 2005. L’accord avait alors été qualifié de ‘désastre’ et de ‘tueur d’emplois’ par Donald Trump, les États-Unis étant la puissance qui génère le plus d’émissions de gaz à effet de serre. ‘L’accord de Paris sur le climat est simplement le dernier exemple en date d’un accord conclu par Washington qui désavantage les États-Unis au profit exclusif d’autres pays (…) j’ai été élu pour représenter les habitants de Pittsburgh, pas ceux de Paris’, avait-il déclaré.

Trump a-t-il eu raison?

D’après les experts, pas vraiment. Des économistes du Grantham Institute for Climate Change de la London School of Economies (LSE) ont examiné les arguments économiques que Donald Trump avait avancés en faveur du retrait.

Les économistes de la LSE ont déclaré que les États-Unis risquaient de subir de graves dommages économiques si l’augmentation des températures dépassait le seuil de 2°c, alors que les coûts liés au respect des engagements pris par les États-Unis dans le cadre de l’accord diminuaient. Les experts estiment que l’engagement aurait pu être respecté assez facilement au regard des tendances actuelles. L’augmentation des énergies renouvelables et le passage du charbon au gaz moins cher entraînent en effet déjà une diminution des émissions.

Les chercheurs du LES ont également indiqué que si les plans d’Obama avaient été poursuivis, les États-Unis auraient dégagé un bénéfice net de 39 milliards de dollars (33 milliards d’euros) d’ici 2030, principalement grâce à la réduction de la pollution atmosphérique locale. 

‘Ce qui a changé depuis 2016 [date à laquelle Trump a été élu], c’est que nous avons appris à mieux connaître les coûts du changement climatique et que ces coûts sont devenus plus importants, alors que les investissements nécessaires [pour réduire les émissions] ont diminué en raison de l’évolution des coûts technologiques. Les arguments en faveur de l’accord de Paris sont donc encore plus convaincants’, déclare Charles Donovan, co-auteur de la note d’information. 

‘Les travailleurs américains resteront à l’écart’

D’après Charles Donovan, ‘Trump a rendu un mauvais service aux travailleurs américains. Les travailleurs américains resteront à l’écart de ce qui façonne notre avenir économique sous la forme de technologies « propres » ‘, a-t-il déclaré. ‘Sans ‘reprise verte’, ils vont être bloqués par beaucoup d’infrastructures dont ils n’auront plus besoin à l’avenir.’

De son côté, Myron Ebell, qui est le directeur du centre pour l’énergie et l’environnement du Competitive Enterprise Institute (CEI) a rejeté l’analyse de la LSE. ‘Alors que les engagements pris par d’autres pays pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ne sont que l’expression de bonnes intentions, les États-Unis honorent leurs accords internationaux, et les avantages économiques de sortir de Paris dépassent de loin ses coûts’.

Au cours de ces derniers mois, Trump s’est ravisé sur de nombreuses réglementations environnementales. La semaine dernière, il a par exemple fait savoir qu’il voulait abroger la limitation des fuites de méthane imposée aux producteurs de combustibles fossiles. 

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