En Chine, un autre grand patron ne donne mystérieusement plus signe de vie

China Renaissance, un gestionnaire de fonds et une banque d’investissement, spécialisé dans la tech, ne parvient plus à contacter son patron, Bao Fan. L’action à la bourse de Hong Kong s’est repliée de 20%.

Pourquoi est-ce important ?

China Renaissance est intimement liée au monde de la tech chinoise, sur laquelle Pékin entend garder le contrôle. Les "disparitions" en Chine sont monnaie courante. Rappelez-vous de Jack Ma, le fantasque patron d'Alibaba, qui a disparu pendant des mois, après avoir osé exprimer sa frustration à l'égard du fonctionnement bancaire et financier de son pays.

Dans l’actu : nouvelle disparition étrange en Chine.

  • Bao Fan est l’actionnaire majoritaire et le CEO de China Renaissance, une banque d’investissement, qui a notamment facilité la fusion qui a donné naissance au groupe Didi, l’Uber chinois. Parmi les autres actionnaires, on retrouve Ant Group, le bras financier d’Alibaba. C’est bien simple : depuis une décennie, China Renaissance est liée à tout ce qui touche au monde de la tech et de l’internet.
  • L’entreprise a déclaré qu’elle « n’a pas été en mesure de contacter M. Bao Fan ».
  • La question reste le pourquoi ? Personne ne sait vraiment, à ce stade. Le média financier chinois Caixin, cité par CNBC, avance une piste : la disparition de Bao fait suite à l’enquête autour de Cong Lin. Ce dernier était le président d’une filiale de China Renaissance, jusqu’au début du mois. Cette filiale faisait l’objet d’une enquête pour avoir violé les exigences de la législation sur les valeurs mobilières en matière de gouvernance d’entreprise.

Le contexte : la difficile relation entre Pékin et la tech chinoise.

  • Il n’y a rien de plus insupportable pour le Parti communiste chinois que quelque chose qu’il ne peut pas contrôler. Voulant éviter un scénario à l’américaine, où les GAFAM règnent sans partage, Pékin a exercé, dès 2020, une pression sur sa Big Tech.
  • L’exemple le plus emblématique est celui de la disparition de Jack Ma, le patron d’Alibaba et superstar planétaire. Ce dernier avait disparu pendant trois mois, après avoir voulu révolutionner le monde bancaire, en prêtant à ses clients à l’aide d’une évaluation de leur solvabilité par le Big Data. À l’époque, il avait accusé le système bancaire et financier chinois d’avoir une « mentalité de prêteur à gage ».
  • Résultat : plus de signe de vie du milliardaire, annulation de l’entrée en bourse de Ant Group, filiale d’Alibaba, et amende de plusieurs milliards de dollars pour l’entreprise. 3 mois plus tard, Jack Ma réapparaissait dans la campagne chinoise, indiquant qu’il avait « réfléchi et pris la décision de se consacrer à l’éducation des enfants et aux actions de bienfaisance ». Jack Ma n’est qu’un numéro de plus dans une longue liste de disparus, en Chine, tous secteurs confondus.

Et maintenant : la Chine n’a pas le choix de lâcher du lest.

  • Pékin est toutefois coincé entre sa volonté de tout contrôler et la nécessité de laisser fleurir ses fleurons technologiques. Durant la pandémie, la Chine a essayé de tout contrôler, au détriment de son économie. Un virage s’est opéré fin novembre avec la levée des mesures sanitaires strictes qui avaient cours depuis 3 ans.
  • La tech chinoise va un peu pouvoir respirer après une année 2022 morose pour l’indice technologique Hang Seng à Hong Kong, qui comprend la plupart des géants chinois de la technologie et qui a chuté de plus de 50%.
  • Selon les estimations de Refinitiv, le retour de la croissance est attendu pour les géants Tencent et Alibaba, de respectivement de 7% au premier trimestre de 2023 et de 10,5% au deuxième trimestre pour le premier. Et de 6% et 12% pour le second.
  • Le contrôle, qui a cours aussi dans le secteur de l’immobilier ou celui des jeux vidéos, n’est toutefois pas un lointain souvenir. Comme le montre le récent achat des actions dorées par le gouvernement chinois des deux grands groupes précités, ou cette mystérieuse « disparition ».
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