Le 5 février, l’Union européenne a mis en place un embargo sur les produits pétroliers russes, tels que le diesel et l’essence, après avoir exclu le pétrole brut deux mois auparavant. Près de trois mois plus tard, il apparaît que ces sanctions n’ont pas encore eu d’impact sur les chiffres d’exportation.
Quelles sanctions ? L’embargo sur les produits pétroliers n’affecte pas la Russie

Pourquoi est-ce important ?
Après l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février 2022, l'Union européenne a décidé de se passer des combustibles fossiles russes. Une série de sanctions et d'autres mesures ont été prises pour assurer que l'Union dispose non seulement suffisamment d'énergie, mais également pour épuiser le trésor de guerre du Kremlin. Cependant, cette dernière partie semble plus difficile à réaliser que ce qui était initialement prévu.Dans l’actu : Selon des chiffres de la société de données Vortexa collectées par Bloomberg, il semble que la Russie ait trouvé suffisamment d’acheteurs alternatifs pour ses combustibles depuis l’instauration de l’embargo.
- Au cours des trois premières semaines d’avril, le pays a exporté 1,9 million de barils de produits pétroliers par jour. Si cela se maintient, ça signifierait que les exportations n’ont jamais été aussi élevées depuis 2016 pour cette période de l’année. Des chiffres élevés ont également été enregistrés en mars.
- La plupart des barils exportés en avril, environ 1,3 million par jour, sont du diesel.
- Plus de 500.000 barils de naphta sont par ailleurs exportés chaque jour, un produit obtenu après la distillation du pétrole brut. Le naphta est utilisé dans les usines de craquage pour produire des matières premières utilisées dans divers produits tels que des plastiques, des engrais, des aliments et des médicaments.
- Enfin, approximativement 120.000 barils d’essence sont exportés chaque jour.
- Ce sont tous des produits qui affluaient massivement dans nos contrées avant l’embargo. Le naphta est par exemple très important pour l’économie belge : plusieurs usines de craquage se trouvent dans le port d’Anvers.
Où vont donc les carburants russes ?
À noter : la Russie a rapidement trouvé d’autres acheteurs pour ses combustibles depuis que l’Europe a refusé de les acheter.
- La Turquie, qui entretient des liens de plus en plus étroits avec la Russie malgré le fait qu’elle soit membre de l’Otan, profite de la situation. En mars, par exemple, elle a importé 10 millions de barils de diesel, soit 50% de plus qu’en février.
- Des pays du Moyen-Orient achètent également de plus en plus de produits pétroliers russes. En mars 2023, l’Arabie saoudite a importé plus de diesel russe que jamais auparavant en un mois.
- La Russie exporte également plus de diesel en Amérique du Sud. Le Brésil est le plus grand acheteur, mais des pays comme le Panama et Cuba sont également très friands de cette marchandise.
- Les acheteurs sont plus que disposés à acheter les produits pétroliers russes à des prix réduits, car le pays a été contraint de baisser ses prix après la fermeture du marché européen.
- Et dans les faits, les sanctions restent un vrai gruyère : du pétrole russe déguisé arrive toujours par voie maritime dans les ports européens.

(SR)