Dans moins de trois semaines, les pays de l’Union européenne – moyennant quelques exceptions – mettront en place un embargo sur le pétrole russe. De l’aveu même du gouvernement allemand, cela risque de mettre des raffineries en difficulté… et de provoquer des pénuries.
L’Allemagne reconnaît que l’embargo sur le pétrole russe risque de provoquer des pénuries et de faire monter les prix

Pourquoi est-ce important ?
Parmi toutes les mesures prises jusqu'ici par l'UE pour saper les ressources financières de la Russie, l'embargo sur son pétrole est l'une des plus fortes. Effective à partir du 5 décembre, cette mesure doit affaiblir la machine de guerre lancée par le Kremlin en Ukraine. Certains pays européens ont toutefois pris leurs précautions pour éviter de se tirer une balle dans le pied. L'Allemagne n'en fait visiblement pas partie.L’actualité : l’Allemagne reconnaît que l’embargo sur le pétrole russe ne sera pas sans conséquence pour sa propre économie.
- Interrogé par l’opposition, le gouvernement allemand a confirmé que l’embargo sur le pétrole russe pourrait mettre en difficulté au moins deux raffineries qui, jusqu’il y a peu, en dépendaient fortement, rapporte le Financial Times.
- Ces problèmes d’approvisionnement pourraient se traduire par des pénuries (essence, diesel, fioul, kérosène) et des hausses de prix dans certaines régions de l’Allemagne.
Le détail : l’aéroport de Berlin en danger ?
- Les deux raffineries qui pourraient particulièrement souffrir de cet embargo sont celles Schwedt et Leuna, dans l’est du pays.
- La première, proche de la capitale, dessert de gros clients locaux, parmi lesquels se trouve l’aéroport international de Berlin. Le gouvernement allemand n’a toutefois pas précisé si l’aéroport pourrait lui-même être victime de ces éventuelles pénuries.
- Depuis plusieurs mois, l’Allemagne tente de diversifier les approvisionnements des deux raffineries en question. Schwedt devrait ainsi être davantage alimenté via les ports de Rostock (Allemagne) et Gdansk (Pologne).
- Le gouvernement allemand a donné des chiffres qu’il voulait rassurants. Il a notamment indiqué que les capacités de l’oléoduc Rostock-Schwedt allaient être augmentées grâce à des travaux de modernisation.
- Toutefois, cela n’a pas permis d’effacer les doutes. Selon l’opposition, même cette capacité augmentée ne suffira pas à permettre à la raffinerie de fonctionner de manière optimale.
Et maintenant : le gouvernement allemand persiste et signe.
- Les deux raffineries allemandes recevaient une bonne partie de leur brut depuis l’oléoduc Droujba, qui part de Russie.
- Plusieurs autres pays européens qui en dépendaient fortement ont obtenu des dérogations pour continuer à importer du pétrole russe plus longtemps que leurs voisins européens : la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie.
- Mais l’Allemagne refuse de faire pareil. Elle appliquera l’embargo dans les délais, sans aucune exception.
- Son gouvernement estime que les efforts mis en place pour diversifier les approvisionnements de Schwedt et Leuna permettront de ne pas devoir en arriver à continuer d’importer du brut russe. Selon lui, la situation sera « difficile, mais gérable ».