Après avoir été attaquée pour ses tests sur les animaux, Neuralink peut officiellement passer aux humains

Bientôt les premières interfaces entre l’humain et l’ordinateur sur le marché ? On n’en est pas encore là, mais Neuralink s’en rapproche. Et ce, malgré les polémiques.

Dans l’actualité : Neuralink, la startup spécialisée dans les neurotechnologies dont Elon Musk est l’un des co-fondateurs, a obtenu ce jeudi soir le feu vert de la FDA, la Food and Drug Administration américaine, pour un premier test sur des êtres humains en milieu médical.

Musk veut rendre la parole aux muets

  • La société pourra mettre à l’essai son implant cérébral Link, une puce qui sera fichée dans le crâne d’un patient atteint de paralysie ou de troubles graves de la mobilité suite à une maladie dégénérative.
  • Elle doit, à terme, lui rendre rien de moins que la parole. Ou du moins une forme de communication : les patients ainsi traités pourront normalement déplacer des curseurs ou taper au clavier par la pensée, la puce transmettant les informations à un ordinateur. Cela reste une manière de sortir du brouillard et de dialoguer avec ses proches.
  • La demande de passer à des tests cliniques sur des patients humains avait été rejetée en mars dernier. La FDA avait estimé que de nombreux problèmes devaient encore être réglés, en particulier sur la sécurité pour les patients ; inquiétudes concernant les batteries au lithium, d’éventuels résidus de puce migrant dans le corps, voire sur les possibilités de la retirer sans risque. Visiblement ces points ont été corrigés.
  • Aucune entreprise travaillant sur des interfaces cerveau-ordinateur n’a réussi à obtenir le sceau d’approbation final de la FDA pour une commercialisation, mais Neuralink entend bien être la première. La firme a annoncé, sur Twitter, que le recrutement de cobayes humains commencerait bientôt, sans annoncer de date.

Des singes et des puces

La technologie en question n’est pas à proprement mal parler neuve : diverses équipes scientifiques à travers le monde ont déjà obtenu des résultats très impressionnants dans des interfaces entre l’humain et la machine. Mais Neuralink projette d’être la première firme à proposer des implants commerciaux. Et les méthodes de la société ont déjà plusieurs fois été remises en question sur le plan de l’éthique.

  • Neuralink fait l’objet d’une enquête fédérale pour violation potentielle de la législation sur la protection des animaux après des tests très médiatisés sur des singes. D’anciens chercheurs de l’entreprise ont même quitté l’entreprise, disent-ils, après avoir été choqués par la manière dont elle traite ses cobayes.
  • Plus récemment, la firme a été accusée de transport non protégé de déchets potentiellement dangereux. Comprendre : les restes de ses infortunés cobayes décédés et les implants qui leur avaient été greffés. Des « déchets » potentiellement porteurs de maladies graves qui peuvent passer du singe à l’humain, et qui doivent être manipulés en connaissance de cause. C’est là une offense grave pour le ministère américain des Transports, qui mène une enquête.
  • Neuralink est devenue un exemple très concret de société digne d’une œuvre dystopique : détentrice d’une technologie de pointe qui ne manque pas d’attrait pour l’humanité, mais qui s’avère prête à tout pour en tirer du profit rapidement. Les prochaines années seront cruciales pour se faire une opinion sur Neuralink.