Les élections américaines approchent, et une « perfect storm » de la désinformation se profile à l’horizon

Les élections américaines approchent, et une « perfect storm » de la désinformation se profile à l’horizon
Donald Trump bénéficie d’un allié dans ta tentative de reprendre la Maison Blanche : Musk. (Patrick Pleul/dpa-Zentralbild/ZB, AP Photo/Chris Seward)

On a déjà vu, en 2020, à quel point les fausses informations, répandues comme une trainée de poudre sur les réseaux sociaux, peuvent saboter un processus démocratique, voire mener à des violences absolument inédites comme au Capitole. Sauf qu’en 2024, certains réseaux semblent bien prévoir de capitaliser dessus.

Musk, entre liberté d’expression totale et bénéfices

L’ancien Twitter devenu X, qui arrive à faire la une des médias chaque semaine alors que la qualité du réseau est en chute libre, a annoncé le grand retour des publicités électorales sur la plateforme.

  • Celles-ci en étaient totalement bannies depuis 2019, et ce à l’échelle mondiale. Mais Elon Musk ne s’en ai jamais caché : sur sa plateforme sociale, absolument rien ne doit être interdit.
  • Une démarche qui vise aussi à offrir de nouveaux revenus à une entreprise qui n’a jamais été rentable, même avant la prise de contrôle du magnat sud-africain. Mais il n’a pas vraiment inversé la tendance : The Guardian estime que depuis la passation des clefs, le réseau social a perdu entre 50 et 70% de ses annonceurs.
  • Dans ce contexte, Musk voit sans doute le scrutin de faire d’une pierre deux coups, voire trois. Ameuter de nouveaux annonceurs venus du monde politique tout en entretenant son image de croisé de la liberté d’expression. Au plus grand bénéfice de ce qui est de plus en plus clairement son camp politique : la droite très dure américaine, friande de théories du complot.
  • « Elon Musk utilise son contrôle absolu sur Twitter pour exercer une influence dangereuse sur l’élection de 2024 » estimait ainsi Imran Ahmed, directeur du Centre pour la lutte contre la haine numérique. Les dernières actions du magnat, qui a attaqué en diffamation la Ligue anti-diffamation, qui soulignait une hausse des discours de haine sur la plateforme depuis l’arrivée de Musk.
  • Le Washington Post a rapporté cette semaine que Meta envisageait d’interdire toute publicité politique sur Facebook, mais a fait marche arrière pour mieux rivaliser avec X. De quoi nourrir une course à la surenchère entre réseaux pour séduire les annonceurs. Et les contenus les plus clivants sont ceux qui génèrent le plus d’interaction, donc qui sont les plus visibles, et les plus rentables.

YouTube et le mythe de « l’élection volée »

X n’est pas le seul réseau social devenu soudainement bien plus accueillant envers les contenus mensongers, les fausses informations, et les discours discriminatoires. YouTube, le géant de la vidéo, nourrit aussi la tempête.

  • La plateforme a, elle aussi, revu ses règles. Les vidéos promouvant la thèse de « l’élection volée » à Donald Trump au profit de Joe Biden en 2020 ne seront plus bannies. De quoi, là encore, nourrir la dangereuse rhétorique qui a mené à la marche sur le Capitole des milices d’extrême droite ralliées à Trump.

L’impact de l’IA générative suscite évidemment le plus de craintes. En 2023, on apprend lentement à vivre dans un monde où rien, ni image ni son, ne peut être considéré comme certain. Ça ne pourra que devenir encore pire en 2024. D’autant plus si, cette fois, les réseaux sociaux assument cyniquement de surfer sur les vagues complotistes pour remplir leurs caisses fort mises à mal. Les experts parlent de « perfect storm » : une tempête parfaite, qui se nourrit elle-même de son énergie pour ravager tout sur son passage. Et qui s’oriente vers Washington.

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