Après 6 mois de sanctions, l’économie russe « vacille, mais ne s’effondre pas »

Il serait faux d’estimer que la Russie ne souffre pas des différentes vagues de sanctions imposées par les pays occidentaux à son économie. La croissance est en baisse et la demande en berne, mais ça n’est pas pour autant la catastrophe annoncée.

L’économie russe se contracte sous les coups des 11.000 sanctions économiques diverses et variées que lui ont imposées les pays occidentaux. Elle a perdu 4% en glissement annuel au cours du deuxième trimestre, bien que ce chiffre soit moins élevé que les 5% attendus par les analystes. La Banque centrale de Russie s’attend à ce que le ralentissement s’accentue au cours des prochains trimestres, pour atteindre son point le plus bas au premier semestre 2023.

Certes, la Russie a triplé son excédent commercial pour atteindre les 167 milliards de dollars, entre janvier et juillet, principalement en raison de la hausse des prix de l’énergie, mais l’inflation reste importante et sanctionne les citoyens, à hauteur de 15%.

Des contre-mesures économiques efficaces

Le pays, qui s’attendait vraisemblablement à ce genre de contre-attaque économique après son offensive sur l’Ukraine, a toutefois mis en place des mesures qui ont largement permis de réduire la casse : la banque centrale russe a déployé rapidement des mesures de contrôle des capitaux, et augmenté fortement ses taux d’intérêt afin de stabiliser les marchés intérieurs. La valeur du rouble avait même monté en flèche durant les premiers mois de l’année.

Depuis, la banque centrale a changé de stratégie et réduit ses taux d’intérêt afin de contrebalancer l’effet des sanctions, réduisant de 150 points de base le taux directeur de la Russie en juillet. C’est la huitième baisse consécutive, qui fixe le taux à 8% après une hausse d’urgence de 9,50% à 20 % fin février.

La consommation s’effondre de 11%

« Des signes de stabilisation ont été observés dans de nombreux secteurs au cours des deux derniers mois, mais nous ne pensons pas que le ralentissement atteigne son point le plus bas avant le deuxième trimestre 2023 et nous pensons que l’économie stagnera au mieux par la suite », estime auprès de CNBC Liam Peach, économiste principal des marchés émergents chez Capital Economics. « Le ralentissement aurait pu être beaucoup plus profond, mais la banque centrale a pris des mesures immédiates pour empêcher une crise financière de s’installer. Il semble également que la résilience du secteur énergétique russe ait amorti l’impact des sanctions occidentales. »

Pourtant, tout n’est pas rose, surtout pour les citoyens russes ordinaires. Les ventes au détail ont chuté de 11 % en glissement trimestriel, et la confiance des consommateurs s’est effondrée. Mais on reste loin de la catastrophe annoncée il y a six mois, quand les sanctions les plus dures ont été mises en place contre l’économie du pays et qu’il devait être véritablement isolé du réseau d’échange mondial.

La haute technologie, le point faible du pays

« Malgré l’assaut des sanctions et les prédictions de nombreux observateurs, l’économie russe n’a pas implosé et, bien qu’elle doive faire face à une contraction de 5 à 6 % cette année, elle ne risque pas de s’effondrer ni de connaître une quelconque forme de crise économique ou financière », résume au média économique américain Chris Weafer, PDG de Macro-Advisory, basé à Moscou. « Elle est toutefois confrontée à 5 à 7 trimestres de baisse à un chiffre et à une longue liste de défis qui, s’ils ne sont pas traités efficacement, maintiendront la croissance proche de la stagnation pendant de nombreuses années. »

La Russie se retrouve ainsi confrontée à une pénurie de composants de haute technologie, dont les très précieuses puces informatiques, qu’elle ne peut produire et qui s’avèrent nécessaires à l’ensemble de sa production industrielle, y compris militaire. En outre, de nombreux Russes, en particulier les plus éduqués, ont opté pour l’émigration, privant ainsi le pays de cerveaux utiles. Et la situation financière du pays reste aussi fort dépendante des fluctuations du marché de l’énergie, qui ne restera pas forcément sur le haut de la vague à moyen terme.

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