Ça bouge au sein du Celeval, le Comité d’évaluation fédéral: plusieurs nouveaux experts viennent renforcer l’organe, tandis que le virologue Marc Van Ranst fait un pas de côté, rapporte De Tijd ce mercredi.
Si le président du SPF Santé publique, Tom Auwers, demeure à la tête du Celeval, plusieurs arrivées viennent toutefois renforcer le Comité:
- La professeure de psychologie clinique, Ariane Bazan (ULB)
- Vinciane Morel, représentante du secteur de l’évènementiel
- Le professeur et économiste de la Santé Lieven Annemans (UGent). L’homme a récemment fait la une des médias en tant que cosignataire d’une lettre ouverte critiquant fortement l’approche belge en matière de lutte contre le coronavirus. ‘La crise est actuellement gérée par quelques experts dont les critères de sélection restent jusqu’ici inconnus et incompris’, pouvait-on notamment y lire.
‘Totalement inacceptable !’
Le directeur général de l’organisation patronale Unizo, Danny Van Assche, a par contre dénoncé avec colère l’absence de représentant du secteur économique à proprement parler au sein du Comité d’évaluation fédéral.
‘La recomposition du Celeval est totalement inacceptable ! La disparition de Johnny Thijs et de Pierre Wunsch du GEES (Groupe d’experts en charge de l’exit strategy, NDLR) ignore complètement les préoccupations économiques. Dans un pays qui connaît une croissance de -11%, c’est hallucinant. UNIZO exige la correction immédiate du Celeval’, a-t-il écrit ce mercredi sur Twitter.
‘Les intérêt économiques wallons sont représentés’
Soulignons toutefois que Pierre Wunsch, en tant que gouverneur de la Banque nationale, copréside l’Economic Risk Management Group (ERMG), dont la mission est d’analyser et de lutter contre les conséquences économiques de la crise du coronavirus. Et les fédérations patronales – le Beci (chambre de commerce bruxelloise), le Boerenbond (syndicat agricole), le SNI (Syndicat national des indépendants), l’Unizo (Union des classes moyennes en Flandre), l’UWE (Union wallonne des entreprises) et le Voka (lobby patronal flamand) – y sont entre autres représentées.
Olivier de Wasseige, administrateur délégué de l’UWE , a déclaré par l’entremise du porte-parole de l’organisation patronale avoir ‘l’impression que les intérêt économiques wallons sont représentés’ au sein du ERMG. Concernant l’Economic Risk Management Group, l’homme pointe ‘qu’il s’agit plus d’une compétence pour le fédéral’.
Créé le 19 mars dernier, l’ERMG a toutefois connu quelques ratés, à tel point que son avenir est aujourd’hui remis en question. ‘L’ERMG continue ses travaux en mode de suivi pour l’instant, sans plus travailler sur des propositions concrètes’, expliquait mi-août Pierre Wunsch, dans La Libre. ‘Son avenir pourrait dépendre de l’évolution de la formation du gouvernement, mais il me semble que sa valeur ajoutée à ce stade se situe essentiellement dans la poursuite du dashboard (tableau de bord, NDLR).’
Le cas Van Ranst
Les virologues et épidémiologistes continueront bien sûr à jouer un rôle primordial au sein du Celeval. Erika Vlieghe, Frédérique Jacobs et Marius Gilbert font toujours partie du Comité. Ce n’est par contre plus le cas de Marc Van Ranst, même si ce dernier demeure néanmoins le remplaçant d’Erika Vlieghe.
Jamais avare de formules-chocs et de sorties sur Twitter, Marc Van Ranst a fini par cristalliser autour de sa personne bon nombre de frustrations engendrées par les mesures anti-coronavirus. Six entrepreneurs flamands veulent notamment le poursuivre en justice pour ses recommandations contre le coronavirus qui ont ‘causé des dommages économiques et sociaux excessivement importants avec des déclarations sans nuances et imprudentes’, estiment-ils.
Il était également la cible principale de l’ASBL controversée ‘Viruswaanzin’ (Folie virale), qui a organisé le mois dernier une manifestation contre les mesures anti-Covid.
Parmi les experts également, les vues de Marc Van Ranst n’ont pas toujours fait pas l’unanimité. Fin août, l’épidémiologiste Yves Coppieters (ULB) estimait ainsi dans La Capitale que M. Van Ranst interprétait ‘très mal’ la situation et réaffirmait son désaccord avec la stratégie de la ‘bulle de 5’ défendue par l’expert flamand. ‘Cette bulle n’est ni une vision sociale, ni une vision économique. Il s’agit ici d’une stratégie purement théorique médicale. Le problème, c’est que nos gouvernements s’entourent d’experts très disciplinaires et qu’il en manque d’autres’, soulignait-il alors.
Un rôle primordial
Par ailleurs, Pedro Facon, directeur général des Soins de santé au sein du SPF Santé publique, et Karine Moykens, présidente du comité interfédéral Testing et Tracing, participeront également aux réunions du Celeval. Bart Raeymaekers, Christian Wouters et Sophie Quoilin y représenteront respectivement le centre de crise, les Affaires intérieures et Sciensano.
Pour rappel, le Celeval joue un rôle particulièrement important dans la stratégie de lutte contre le coronavirus. L’organe est notamment chargé de faire la synthèse des avis de différents groupes de spécialistes avant de formuler des recommandations au gouvernement fédéral (les mesures décidées par les fameux CNS sont souvent prises sur base de celles-ci) et d’attribuer les codes couleur aux pays étrangers concernant les voyages.