Crise budgétaire en France : Lecornu cherche un compromis face aux exigences fiscales


Principaux renseignements

  • Lecornu cherche un compromis avec les législateurs pour faire adopter le budget proposé, tout en étant sous la pression des parlementaires socialistes.
  • Les socialistes ont fixé une échéance pour progresser sur la mise en place d’un impôt sur la fortune.
  • Le gouvernement est favorable à l’imposition des patrimoines supérieurs à 5 millions d’euros, prévoyant des recettes d’un milliard d’euros provenant d’environ 10 000 contribuables.

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu a reconnu que le projet de budget national du gouvernement n’était pas parfait et a appelé les législateurs à faire preuve d’un esprit de compromis pour garantir son adoption. Cet appel intervient dans un contexte de pression de la part des députés socialistes qui exigent l’inclusion d’une taxe sur les grandes fortunes et menacent de faire tomber le gouvernement de Sébastien Lecornu si leurs demandes ne sont pas satisfaites.

Lecornu s’est engagé à faire approuver le projet de loi sur les dépenses par le Parlement avant la fin de l’année, une tâche difficile étant donné les profondes divisions au sein de l’organe législatif. Ses deux prédécesseurs ont été évincés en raison de mesures de réduction des coûts, ce qui souligne la volatilité politique entourant les négociations budgétaires.

Lecornu appelle à un débat ouvert

Si Lecornu a souligné la volonté de son gouvernement de s’engager dans un débat ouvert et transparent, voire d’amender le texte proposé, il a également insisté sur le fait qu’aucun parti ne devait dicter les décisions parlementaires. Il a appelé à une culture de dialogue et de débat constructifs entre les législateurs ayant des points de vue différents, en particulier sur les questions liées à la justice fiscale.

Lecornu a notamment suspendu une réforme impopulaire des retraites afin de s’assurer le soutien du parti socialiste, un groupe d’influence crucial au parlement. Il s’est également engagé à ne pas utiliser son autorité constitutionnelle pour imposer le budget sans vote, une pratique utilisée les années précédentes. Cependant, les socialistes continuent d’insister sur la mise en œuvre d’une taxe ciblant les ultra-riches, une proposition que Lecornu a rejetée et exclue du projet de budget.

Date limite pour les socialistes

Le chef du parti socialiste, Olivier Faure, a souligné l’urgence de taxer les ultra-riches et les méga-héritages, fixant à lundi la date limite pour réaliser des progrès. Il a cité l’estimation de l’économiste français Gabriel Zucman selon laquelle un tel impôt pourrait générer environ 20 milliards d’euros par an à partir de seulement 1 800 ménages, avec une taxe minimale de deux pour cent sur les actifs dépassant 100 millions d’euros.

Faure a illustré son propos en citant le milliardaire Bernard Arnault, dont la fortune a récemment augmenté de 19 milliards de dollars (16,3 milliards d’euros) en une seule journée. Arnault est propriétaire de LVMH, le conglomérat de produits de luxe derrière des marques telles que Louis Vuitton et Dom Pérignon, ce qui illustre l’immense richesse concentrée entre les mains d’une petite partie de la société.

L’épreuve de force parlementaire

Le Parlement devrait débattre samedi d’une proposition de la gauche visant à mettre en œuvre la taxe dite Zucman. Cependant, l’extrême droite et le gouvernement s’opposent à l’imposition des biens professionnels, qui seraient visés par cette mesure. En revanche, le gouvernement est favorable à l’imposition des avoirs de gestion de patrimoine dépassant 5 millions d’euros, prévoyant des recettes d’un milliard d’euros de la part d’environ 10 000 contribuables.

Cette impasse budgétaire se déroule dans un contexte d’instabilité politique en France, suite à la décision du président Emmanuel Macron de convoquer des élections législatives anticipées l’année dernière. À l’issue de ces élections, son bloc centriste a perdu la majorité et l’extrême droite a gagné des sièges, soulignant les profondes divisions au sein de la société française. (uv)

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