L’essentiel : Le week-end dernier, de violentes manifestations ont eu lieu en Suède, devant l’ambassade de Turquie. Un manifestant d’extrême droite, Rasmus Paludan, a mis le feu à un Coran, ce qui a provoqué un conflit diplomatique.

• Paludan est connu comme un partisan de l’extrême droite. Le Danois a déjà brûlé de nombreux Corans dans sa vie, et il est également sous surveillance policière constante depuis plusieurs années. Sur le plan national, il est le chef du Stram Kurs, un parti d’extrême droite, qui signifie littéralement « Ligne dure ». Son principal cheval de bataille est une diminution de l’immigration, et surtout de l’immigration en provenance des pays musulmans : les déclarations racistes et les manifestations contre l’Islam font presque partie de l’agenda quotidien de Rasmus Paludan.
• La Suède, pays qui valorise la liberté d’expression, l’a donc laissé tranquille lorsqu’il a voulu manifester devant l’ambassade de Turquie. M. Paludan a demandé un permis pour le faire, qui lui a été simplement accordé. Pour la Turquie, c’est là que réside le principal problème : le ministre des Affaires étrangères Mevlüt Çavuşoğlu a indiqué que le gouvernement suédois, malgré ce qu’il dit, à des choses à se reprocher.
• Mais l’histoire ne s’arrête pas là : ce n’est pas Paludan qui a eu l’idée de se rendre à Stockholm pour brûler le livre saint de l’islam. S’adressant au journal suédois Dagens Nyheter, il a indiqué que plusieurs personnes l’ont convaincu de cette idée. Parmi eux se trouvait Chang Frick, un journaliste suédois. Ce journaliste n’est pas non plus sans polémique.

Qui ? Chang Frick est peut-être un Suédois, mais il est depuis des années à la solde du média de propagande russe Russia Today.

• « C’était leur idée de brûler le Coran », a déclaré Paludan à DN, en faisant référence à Frick et à certains de ses fidèles. Monsieur Frick aurait également payé l’autorisation de manifestation, une somme modeste de moins de 30 euros. Exakt24, un site d’information suédois, écrit que Frick voulait aussi payer les billets d’avion de Paludan et de quelques partisans, afin de faire venir à tout prix le politicien d’extrême droite en Suède. Il interviendrait par ailleurs sur le plan financier si Rasmus Paludan recevait une pénalité en espèces à la suite de la protestation.
• Chang Frick lui-même, d’ailleurs, n’est pas innocent : pendant des années, il a travaillé pour RT, une chaîne de télévision russe contrôlée par le gouvernement russe. Elle est considérée comme l’une des principales chaînes de propagande du Kremlin, et a donc été retirée des ondes en Occident après l’invasion de l’Ukraine.
• Plusieurs médias et organisations ont déjà indiqué que RT entretient des liens étroits avec le ministère russe de la Défense et le GROe, l’agence de renseignement militaire. Le Lansing Institute, un groupe de réflexion américain, a même suggéré que Frick lui-même pourrait être un agent du GROe.
• Après son poste à RT, le Suédois est devenu rédacteur en chef de son propre média, Nyheter Idag, et apparaît régulièrement comme animateur sur Riks, la chaîne web du parti social-démocrate. Selon le think tank, cela correspond parfaitement à un agent du GROe, qui est formé chez lui (à RT, bien sûr), puis envoyé à l’étranger. Le fait que Chang Frick lui-même ait cautionné l’annexion de la Crimée par la Russie et les crimes de guerre commis par les troupes russes en Syrie correspond déjà au portrait d’un espion.
• Frick, cependant, en dehors de son travail pour RT (et peut-être le GROe), a toujours des liens avec la Russie. Sa petite amie est d’origine russe et il s’est lui-même rendu à Moscou à plusieurs reprises ces dernières années, où il a assisté à des élections locales et rencontré Vladimir Poutine. Son compte Twitter montre des photos de lui portant un tshirt avec la tête de Poutine, et un calendrier de Poutine à la main. Dans un rapport de 2019 du New York Times, Nyheter Idag est également considéré comme l’un des médias d’extrême droite qui durcissent le débat politique en Suède.

RVW