Des cimetières de « dizaines de milliers » de voitures électriques en Chine : pourquoi ces véhicules sont-ils laissés à l’abandon ?

Des champs à perte de vue, ponctués d’étranges silhouettes blanchâtres : des milliers de voitures électriques sont abandonnés en Chine, tels des vestiges d’une époque révolue. Le même destin attend-il nos routes en Occident, de plus en plus jalonnées par ces véhicules ?

Pourquoi est-ce important ?

L'abandon massif de véhicules électriques en Chine met en lumière le paradoxe d'une transition écologique précipitée et le gaspillage provenant d'un afflux massif de capitaux dans une industrie en rapide expansion. Cette situation pose la question de l'équilibre entre urgence écologique et croissance responsable. Les erreurs comme l'abandon de ces véhicules doivent inciter à une réflexion sur une transition verte plus stratégique et durable, axée notamment sur le recyclage. C'est d'autant plus vrai que les batteries usagées contiennent des métaux précieux que tout le monde s'arrache.

L’essentiel : Des images de centaines de véhicules électriques apparemment en bon état et laissés pour morts en Chine parsèment les réseaux sociaux.

  • À Hangzhou gît un « cimetière » de voitures électriques provenant de constructeurs comme Changan, Geely et BAIC Dongfeng, partenaire en Chine de Nissan.
  • Des milliers de véhicules électriques sont ainsi délaissés dans diverses villes chinoises, certains engloutis par la nature, d’autres hâtivement abandonnés avec des souvenirs à bord, comme dans un film apocalyptique.
  • Entre les lignes : Ces images en provenance de Chine sont-elles annonciatrices d’une apocalypse des VE similaire en Occident ? C’est sans doute le récit que les détracteurs des voitures électriques s’empresseront de propager.

Une évolution (trop) rapide ?

Sous le radar : Une stratégie fumeuse de la Chine qui a misé bien trop gros sur les voitures électriques partagées et bas de gamme. Ces abandons en masse reflètent ainsi la faillite des sociétés de covoiturage, mais aussi l’obsolescence rapide face à la progression des véhicules électriques.

  • Concernant l’obsolescence des voitures électriques, la Chine a provoqué une véritable ruée vers la production de voitures électriques il y a une décennie, poussée par les subventions du gouvernement.
    • La croissance explosive du secteur a ainsi conduit à une surproduction et à une saturation du marché. L’an dernier, la Chine a produit environ 6 millions de VE et d’hybrides rechargeables.
    • Or les premiers VE étaient basiques, avec des autonomies limitées à environ 100 km et des nouvelles technologies quasiment inexistantes.
  • Ces véhicules simplissimes étaient surtout destinés aux entreprises de covoiturage, les particuliers étant peu nombreux à opter pour eux.
    • Quand ces entreprises ont fait faillite, le secteur s’est effondré sur lui-même. Plus personne n’était présent pour prendre soin de ces milliers de voitures bas de gamme. Ce faisant, le marché s’est considérablement réduit : de 500 fabricants chinois de voitures électriques en 2019, il n’en existe plus qu’une centaine aujourd’hui.
    • Mais pourquoi les abandonner en pleine nature plutôt que de les vendre ? L’entretien médiocre de ces véhicules – que devaient normalement assurer les entreprises de covoiturages – les a rendus pratiquement invendables.
    • S’ajoutent à cela, une fois encore, les subventions de Pékin, qui poussent les particuliers à mettre leur argent dans de nouveaux véhicules électriques neufs – et plus élaborés – que dans ces épaves de seconde main.
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