Christine Lagarde parviendra-t-elle à dévaluer l’euro?

L’euro se renforce par rapport au dollar, ce qui est une mauvaise nouvelle pour les exportations européennes. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, devra cependant trouver une solution pour stopper la tendance d’ici la prochaine réunion de politique monétaire de ce jeudi. 

La semaine dernière, l’euro valait approximativement 1,20 dollar, une première depuis deux ans. Une tendance à la hausse qui doit s’arrêter, et cela pour deux raisons:

  • Si la valeur de l’euro ne diminue pas, les produits issus de la zone euro seront plus onéreux pour le reste du monde, ce qui sera donc préjudiciable aux exportations européennes, alors que l’Europe est en pleine récession économique. 
  • Inversement, l’importation des biens payés en dollars sera moins onéreuse pour la zone euro. Si une baisse de prix peut sembler séduisante de prime abord pour les commerces, elle atténuera les prix finaux dans les magasins, juste au moment où l’inflation est négative. Les consommateurs pourraient spéculer sur une spirale déflationniste. En d’autres termes, ces derniers pourraient encore attendre que les prix baissent avant de se décider à dépenser leur argent.

À la poursuite de la Fed?

L’ascension de l’euro est directement liée à la chute du dollar. Cette hausse est peut-être aussi liée à la politique monétaire plus souple annoncée par la Fed, la banque centrale américaine. ‘Les objectifs en matière d’inflation sont maintenant interprétés de manière plus souple’, a déclaré le président Jérome Powell, ce qui donne à la Fed une plus grande marge de manœuvre pour stimuler la politique monétaire.

‘On observe un grand écart entre l’objectif de la Fed (une inflation moyenne de 2% sur la durée) et l’objectif de la BCE, soit une inflation proche, mais inférieure à 2%’, explique William De Vijlder de chez BNP Paribas. Ces éléments pourraient favoriser l’euro au détriment du dollar et la BCE éprouverait davantage de difficultés à atteindre ses objectifs d’inflation.

Le sommet de la Banque centrale européenne se tiendra jeudi pour discuter de la politique monétaire. À la place de mesures concrètes, la plupart des économistes attendent de la BCE une rhétorique adaptée. Christine Lagarde n’aura pas d’autre choix que de suivre d’une manière ou d’une autre son collègue américain Powell, sinon l’euro va monter en flèche. 

La formulation choisie sera déterminante pour le taux de change de l’euro par rapport au dollar. ‘Nous attendons avec impatience la proposition de la BCE pour discuter des options, afin de limiter la hausse de l’euro’ a déclaré Oliver Rakau de chez Oxford Economics. 

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