La Chine rétropédale et facilite à nouveau les prêts aux promoteurs immobiliers pour résorber la crise et stopper la contestation

La santé du gigantesque secteur immobilier chinois reste un gros sujet de préoccupation. Alors qu’Evergrande, le plus grand promoteur du pays, n’a pas fini de se dépêtrer de ses montagnes de dettes et cherche ailleurs de nouveaux fonds, le ralentissement global du secteur plombe les revenus que l’État chinois espère percevoir par le biais des taxes, tout en contribuant à la menace de récession. Alors qu’il avait serré la vis en 2020, celui-ci lâche finalement du lest au nom de la stabilité intérieure.

Dans ce contexte, le gouvernement chinois fait ce qu’il peut pour insuffler de l’air dans la bouée qui maintient encore le secteur immobilier à flot. En mai dernier, la Banque centrale du pays avait, pour la seconde fois consécutive, baissé le taux d’intérêt directeur sur les prêts de cinq ans afin de permettre aux promoteurs de s’approvisionner en argent frais.

Stimuler la demande et terminer de bâtir l’offre

Cette semaine, et toujours dans la même logique, le régulateur bancaire chinois s’est engagé à stimuler son offre de prêts afin d’aider les promoteurs à achever les projets immobiliers en suspens et à stimuler la demande des acheteurs, rapporte CNN. La Commission chinoise de réglementation de la banque et de l’assurance (CBIRC) a réaffirmé jeudi dernier qu’elle fournirait un « soutien actif au crédit » aux promoteurs immobiliers, afin qu’ils puissent achever les projets retardés ou bloqués dès que possible. Elle a également exhorté les banques à accorder davantage de prêts hypothécaires aux acheteurs afin de soutenir la demande et de relancer le marché.

Selon le régulateur bancaire chinois, les mesures précédentes commencent à porter leurs fruits: « Le rythme actuel des prêts liés à l’immobilier a atteint le rythme le plus rapide depuis 2019 », a déclaré Liu Zhongrui, un responsable de la CBIRC. Le mois dernier, les nouveaux prêts aux promoteurs émis par les banques ont également atteint 52,2 milliards de yuans (7,7 milliards de dollars), a ajouté Liu.

Du passé, faisons table rase…

On peut parler de rétropédalage, car à l’origine de la crise, en 2020, la Chine avait justement sévit contre le recours massif aux emprunts que pratiquaient ses grands promoteurs immobiliers, Evergrande en tête. C’est le manque de liquidités des promoteurs qui les avait incités à recourir massivement aux emprunts, et qui a décidé ensuite le gouvernement chinois à sévir, dans le but de contenir leur endettement et de freiner la hausse des prix de l’immobilier.

Mais cette mesure a eu pour conséquence de confronter les promoteurs à leurs gigantesques dettes sans possibilité de les rembourser en recourant à l’emprunt, les contraignant à arrêter massivement leurs chantiers en cours, au grand dam des citoyens chinois en attente de leur logement. De quoi provoquer les prémisses d’une grogne sociale inédite dans le pays. Une situation qui semble avoir convaincu le Parti unique à revenir sur ses tours de vis précédents.

Evergrande et sa trésorerie sans fond(s)

Mais ce n’est pas pour autant que la situation immobilière est entièrement résolue, en Chine. Là encore, c’est le géant Evergrande qui fait la une de l’actualité, l’entreprise ayant déclaré vendredi dernier que son directeur général et son directeur financier avaient démissionné après qu’une enquête préliminaire a révélé leur implication dans le détournement de prêts garantis par son unité cotée en bourse au profit du groupe. Selon CNBC, ces prêts garantis par des gages, dont le montant s’élève à 13,4 milliards de yuans (1,99 milliard de dollars) « ont été transférés et détournés vers le groupe par l’intermédiaire de tiers et ont été utilisés pour les opérations générales du groupe » selon le promoteur immobilier.

Ce genre de révélation sur le comportement de ses élites financières n’est pas bon signe pour le gouvernement chinois, alors que les scandales immobiliers attisent une colère inédite au sein de la société qui ne semble pas s’atténuer, fut-elle discrète. Car si la Chine veut soutenir son secteur immobilier en facilitant à nouveau les prêts, ces mesures sont aussi pensées pour offrir un meilleur accès aux fonds aux citoyens chinois prêts à investir dans la brique, et flatter ainsi une classe moyenne qui croit, et dont le soutien au régime s’avère capital pour la stabilité du pays.

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