Un peu plus d’un an après le début de la guerre en Ukraine, il apparaît que le renminbi n’a jamais été aussi bien représenté dans le financement du commerce à travers le monde. Les experts avancent deux explications : le commerce avec la Russie et les récentes décisions des banques centrales chinoise et américaine.
La Chine dit merci à la Russie… et à la Fed : en un an, le renminbi a doublé sa part dans le financement du commerce mondial

Pourquoi est-ce important ?
Depuis le début de la guerre en Ukraine, la Russie est petit à petit séparée du monde occidental en raison des sanctions qui lui sont imposées. Dans le même temps, elle se tourne vers la Chine, l'autre grand pôle d'attraction mondial.Dans l’actu : le financement du commerce en renminbi a doublé en un an.
- Selon une analyse du Financial Times, la part du financement du commerce en renminbi sur la plateforme Swift est passée de 2% en février 2022 à 4,5% en février 2023.
- Cela s’expliquerait par une accélération du commerce avec la Russie et un attrait renforcé de la devise chinoise par rapport au dollar américain.
Le détail :
- Le financement du commerce désigne le mécanisme qui voit les prêteurs accorder des crédits pour faciliter la circulation transfrontalière des marchandises.
- En un an, le renminbi a fondu sur l’euro, qui voit sa représentation stagner autour des 6%.
- Le dollar américain reste largement en tête, avec 84,3%. Mais il a tout de même subi une perte de plus de deux points pourcentage en un an (86,8% en février 2022).
- « C’est un changement important. Il est difficile de penser à autre chose que ce qui s’est passé avec la guerre en Ukraine pour expliquer ce revirement de situation », commente auprès du FT Mansoor Mohi-uddin, économiste en chef de Bank of Singapore.
« Couper la Russie de Swift n’était peut-être pas pertinent »
Les explications (1) : la Russie.
- Selon les analystes, cette part accrue du renminbi dans le financement du commerce s’explique en partie par l’augmentation des transactions entre la Russie et la Chine par le biais d’intermédiaires.
- Cela se reflète notamment dans les quantités de pétrole russe importées par la Chine via des pays tels que la Malaisie. Elles ont littéralement explosé.
- Si la monnaie chinoise n’a pas vu sa part augmenter dans l’utilisation des paiements internationaux effectués sur Swift (2%), les échanges entre la Chine et la Russie sur la plateforme alternative (le système de paiement interbancaire transfrontalier – CIPS) sont passés à un montant record de 185 milliards de dollars, dont 14 milliards en renminbi.
- Tout cela fait dire aux analystes que, plus d’un an plus tard, la décision d’exclure la Russie de Swift n’était peut-être pas aussi douloureuse que prévu pour Moscou.
Les explications (2) : un renminbi qui gagne de l’attrait par rapport au dollar.
- La forte hausse des taux décrétée par la Réserve fédérale ont également rendu le dollar (un peu) moins attrayant pour le financement du commerce, notent les spécialistes.
- Dans le même temps, la banque centrale chinoise a légèrement baissé ses taux.
- Ce qui fait dire à Kelvin Lau, économiste principal pour la Grande Chine chez Standard Chartered que, « avec ou sans la Russie, nous assistons structurellement à un retour de l’internationalisation du renminbi ».
- Cela rentre d’ailleurs dans la nouvelle logique d’internationalisation de sa devise mise en place par la Chine depuis un peu plus d’un an (indépendamment de la guerre en Ukraine). Pékin pousse ainsi vers une plus grande utilisation de sa monnaie dans le règlement des échanges transfrontaliers de matières premières et pour l’amélioration de l’accès mondial aux produits dérivés liés à des actifs en renminbi.
- Cela s’exprime par des accords récemment signés avec des nations d’Asie du Sud-Est, du Moyen-Orient et d’Amérique latine.