L’effet d’un pétard mouillé ? Pour l’économie chinoise, le début de l’ère post-Covid tant attendue s’annonce assez décevant

Les chiffres du commerce en Chine pour les deux premiers mois de l’année ont été publiés mercredi, révélant des résultats légèrement inférieurs aux prévisions dans certains, laissant présager une mauvaise santé sous-jacente de l’économie chinoise.

Pourquoi est-ce important ?

Alors que la Chine a vécu près de trois ans de confinement ferme, en raison de la politique "zéro Covid" de Xi Jinping, les attentes pour une reprise en flèche de l'économie étaient fortes. Malheureusement, les premiers signes montre que ce n'est pas le cas. Ce n'est pas encore un signal d'alarme, mais une situation à tenir à l'œil au cours des prochains mois.

Dans l’actu : Des données du Bureau national des statistiques publiées mercredi montrent que la production industrielle chinoise au cours de la période janvier-février a augmenté de 2,4% par rapport à l’année précédente.

  • La Chine rate ainsi de peu les attentes d’un sondage de Reuters, qui tablait sur une hausse de 2,6%.
    • La hausse s’est toutefois accélérée par rapport à l’augmentation annuelle de 1,3% enregistrée en décembre.
    • Mais entre temps, le pays a abandonné ses politiques de confinement très strictes, rouvrant grand la porte au commerce et à la production industrielle.
  • Par ailleurs, les ventes au détail ont augmenté de 3,5%, ici conformément aux attentes.
    • La plupart des catégories de ventes au détail ont augmenté, mais les ventes d’automobiles et d’appareils électroménagers ont baissé.

En outre : Les investissements en actifs fixes ont augmenté de 5,5%, dépassant les attentes d’une croissance de 4,4%. Mais ici aussi, il faut y regarder de plus près :

  • L’investissement dans l’immobilier a diminué de 5,7% au cours des deux premiers mois de cette année par rapport à la même période de l’année précédente.
    • Une baisse qui intervient après une chute de 10% des investissements immobiliers enregistrée tout au long de l’année dernière.
  • De plus, les investissements dans les infrastructures et l’industrie manufacturière ont augmenté à un rythme plus lent au cours des deux premiers mois de cette année, par rapport à la même période de l’année précédente.
  • Et les indicateurs de l’emploi ne sont pas bien brillants non plus, avec un taux de chômage qui reste élevé chez les jeunes de 16 à 24 ans, à 18,1%.
    • Selon la société de données BigOne Lab, au cours des deux premiers mois de l’année, le nombre d’emplois disponibles sur les principales plateformes de recrutement en Chine a diminué de 23% par rapport à la même période de l’année précédente.

L’économie chinoise toujours grippée ?

Entre les lignes : Cela soulève des inquiétudes quant à la santé globale de l’économie chinoise et pourrait présager une croissance plus modérée que prévu.

  • Les données reflètent « une dynamique stable plutôt qu’une accélération, ce qui indique également qu’un soutien politique fort est nécessaire pour libérer le potentiel de croissance », a déclaré à CNBC Zhou Hao, économiste en chef à Guotai Junan International, l’une des plus grandes banques d’investissement et sociétés de valeurs mobilières de Chine.
  • « L’environnement extérieur est encore plus complexe, la demande inadéquate reste importante et les bases de la reprise économique ne sont pas encore solides« , a également concédé le Bureau national des statistiques de Chine dans son communiqué. Il appelle à renforcer la confiance du marché et à atteindre une « croissance raisonnable de la quantité ».
  • « Si la croissance du PIB est trop lente, cela pourrait révéler les problèmes de l’économie chinoise, ce qui augmenterait les risques », a indiqué Fu Linghui, porte-parole du Bureau des statistiques et directeur du département des statistiques globales de l’économie nationale.
  • Fu Linghui souligne aussi les pressions exercées par d’autres économies à l’inflation élevée, qui pourraient resserrer leur politique monétaire et donc freiner davantage la croissance mondiale.

Un vent d’optimisme : Même si les indicateurs sont moins bons que prévu, Pékin a encore de la marge pour voir son économie se relever cette année.

  • « L’économie se redresse progressivement cette année, mais il faut noter que la pandémie a endommagé les bilans des entreprises et des particuliers pendant plusieurs années, et qu’il faut encore du temps pour les réparer« , déclare Fu Linghui.
    • Si atteindre les 5% de croissance sera un défi, il affirme que « nous devons être conscients que nous disposons des conditions, des fondements et de la confiance nécessaires pour atteindre l’objectif de croissance ».
  • Même son de cloche chez Bruce Pang, économiste en chef chez JLL, qui indique qu’il y a des raisons de croire que le marché immobilier va notamment se redresser au cours de 2023, en particulier car le mois de mars est généralement celui du pic de l’offre de logements pour l’année.
Plus