Web Analytics

Le monde a battu un record de consommation de charbon vieux de 10 ans, un continent est pointé du doigt : « Sa demande reste obstinément élevée »

Le monde a battu un record de consommation de charbon vieux de 10 ans, un continent est pointé du doigt : « Sa demande reste obstinément élevée »
(STRINGER/AFP via Getty Images)

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a mis ses chiffres à jour. Elle peut désormais affirmer avec certitude une information qu’elle avait sentie venir : 2022 a marqué un record historique de consommation du charbon dans le monde. 2023 et 2024 devraient être du même tonneau.

Pourquoi est-ce important ?

Le charbon est la plus grande source d'émissions de carbone du secteur énergétique. Si de nombreux pays se sont fixé des objectifs pour ne plus en utiliser d'ici quelques années (ou décennies), la réalité actuelle est tout autre : on n'en a jamais autant consommé.

Dans l’actu : record de consommation mondiale de charbon en 2022.

  • Selon un rapport publié par l’AIE ce jeudi, le monde n’a jamais consommé autant de charbon que l’année dernière.
  • Une mauvaise nouvelle n’arrivant jamais seule, l’agence prédit qu’il n’y aura de diminution ni en 2023 ni en 2024.

Les chiffres : le cap des 8 milliards de tonnes largement dépassé.

  • D’après les chiffres divulgués par l’AIE, le monde a consommé 8,3 milliards de tonnes de charbon en 2022. Cela représente une augmentation de 3,3% sur un an.
  • C’est un record historique et c’est même la première fois que la barre des 8 milliards est franchie.
  • Le précédent record avait été établi en 2013, avec 7,997 milliards de tonnes de charbon consommées à travers le globe.

La Chine et l’Inde représentent 70% de la consommation mondiale

Les détails : l’Asie pointée du doigt.

  • Dans son rapport, l’agence basée à Paris souligne clairement que ce record est imputable à l’Asie.
  • La Chine, l’Inde et les pays d’Asie du Sud-Est devraient représenter ensemble 3 tonnes de charbon sur 4 consommées dans le monde en 2023, avance-t-elle.
  • On a pourtant beaucoup parlé d’un « retour en grâce du charbon » en Europe en 2022, précipité par la guerre en Ukraine et le tarissement de l’approvisionnement en gaz (russe).
    • En réalité, ce come-back du charbon n’a pas eu lieu.
    • Certes, certains pays ont rouvert quelques centrales au charbon, l’Allemagne ayant constitué l’exemple le plus notable car elle est sortie du nucléaire en même temps. Mais à l’échelle de l’UE, cela ne s’est pas ressenti, ce « pic temporaire de la production d’électricité au charbon » ayant été « presque compensé par une moindre utilisation dans l’industrie », explique l’AIE.
    • Ombre au tableau : si les pays européens ont finalement très rapidement abandonné l’idée de recourir davantage au charbon en se ruant sur le GNL, le resserrement du marché que cela a provoqué a contraint certains pays d’Asie (Thaïlande, Vietnam) à brûler davantage de charbon.
  • L’AIE note que la consommation de charbon aux États-Unis baisse également.
  • « Mais la demande reste obstinément élevée en Asie, alors même que bon nombre de ces économies ont considérablement augmenté les sources d’énergie renouvelable. Nous avons besoin de plus d’efforts politiques et d’investissements – soutenus par une coopération internationale plus forte – pour stimuler une augmentation massive de l’énergie propre et de l’efficacité énergétique afin de réduire la demande de charbon dans les économies où les besoins énergétiques augmentent rapidement », commente Keisuke Sadamori, directeur des marchés de l’énergie et de la sécurité de l’AIE.
La consommation de charbon ces dernières années et pour les années à venir, par région, selon l’AIE. (Agence internationale de l’énergie)

Et après : mêmes tendances.

  • L’AIE estime que 2023 et 2024 seront du même acabit que 2022. Si la consommation de charbon pour produire de l’électricité diminuera légèrement, son utilisation industrielle augmentera.
  • Il est encore trop tôt pour dire si 2023 battra déjà le record de 2022, mais il apparaît que la demande de charbon a augmenté de 1,5% lors du premier semestre de cette année.
  • Et les courbes entre l’Asie (Chine et Inde, surtout) d’une part et l’Europe et les Etats-Unis d’autre part vont continuer de s’éloigner.
    • La demande de charbon a chuté encore plus rapidement que prévu aux USA (24%) et dans l’UE (16%) lors des six premiers mois de l’année.
    • Elle a en revanche augmenté de 5% tant en Chine qu’en Inde.
  • Alors que les deux mastodontes asiatiques représentaient déjà deux tiers de la consommation mondiale en 2021, leur part passera à 70% en 2023.
  • Pendant ce temps, la part combinée des États-Unis et de l’UE a chuté sous les 10%, alors qu’elle était encore de 35% au début du siècle.
  • Pour tout de même conclure sur une note positive, rappelons que l’AIE a indiqué la semaine dernière que les sources d’énergie renouvelable pourraient dépasser le charbon pour la production d’électricité dès 2024.
Plus d'articles Premium
Plus