Principaux enseignements
- Les agriculteurs européens sont confrontés à une année désastreuse en raison de phénomènes météorologiques extrêmes alimentés par le changement climatique.
- La dégradation des sols est un facteur qui n’est pas suffisamment pris en compte pour contribuer à ces crises, malgré son lien alarmant avec les phénomènes météorologiques extrêmes.
- La proposition de loi européenne sur les sols a été considérablement affaiblie au cours de son parcours législatif.
Les agriculteurs européens sont confrontés à une année désastreuse en raison des phénomènes météorologiques extrêmes alimentés par le changement climatique. Les sécheresses et les inondations ont ravagé les régions agricoles de toute l’Europe, entraînant des pertes de récoltes et des décès de bétail à grande échelle. Alors que la Commission européenne a promis une aide de 10 milliards d’euros pour les efforts de restauration, il est inquiétant de constater que la dégradation des sols n’est pas considérée comme un facteur contribuant à ces crises. Ceci est rapporté par Politico.
L’économiste agricole Benedikt Bösel souligne le lien alarmant entre la santé des sols et les phénomènes météorologiques extrêmes. Il affirme que le fait de négliger la capacité du sol à absorber et à stocker l’eau entraîne des cycles d’inondation et de sécheresse. Malgré ce lien évident, les discussions sur la dégradation des sols sont largement absentes des plans de relance post-crise.
Facteurs contribuant au silence sur la santé des sols
Plusieurs facteurs contribuent à ce silence autour de la santé des sols. La restauration de la couche arable est un processus lent qui prend des décennies, ce qui le rend impraticable dans le cadre d’une réponse immédiate à une crise. La mise en œuvre de mesures telles que la réduction de l’utilisation de produits agrochimiques et la promotion d’une couverture végétale diversifiée peut se heurter à l’opposition politique des agriculteurs et des décideurs politiques qui hésitent à mettre en œuvre de tels changements. La proposition de loi européenne sur les sols, la directive sur la surveillance et la résilience des sols, a également été considérablement affaiblie au cours de son parcours législatif.
Les conséquences de la dégradation des sols
La situation est désastreuse. Soixante pour cent des terres agricoles européennes sont en mauvais état en raison de l’érosion, du compactage, de la salinisation, de la pollution, de la perte de biodiversité et de l’imperméabilisation. Cette dégradation a un impact direct sur la productivité agricole et menace la sécurité alimentaire. L’érosion hydrique, un problème particulièrement grave, arrache la couche arable – la couche la plus riche en nutriments, cruciale pour les cycles de l’eau et la disponibilité des nutriments.
Les faibles rendements enregistrés cette année en France, où des champs détrempés combinés à des températures extrêmes ont considérablement réduit la production de blé, nous rappellent brutalement les conséquences de la dégradation des sols. À l’échelle mondiale, la dégradation des sols coûte plus de 5 500 milliards d’euros par an, soit 8 pour cent du PIB mondial.
Une action urgente s’impose
L’Agence européenne pour l’environnement a identifié la santé des sols comme un risque important nécessitant une action urgente, prévoyant une aggravation de l’érosion et de l’aridité dans les années à venir. En l’absence d’améliorations significatives, la dégradation généralisée des sols pourrait déclencher des effets catastrophiques en cascade sur la production alimentaire, l’approvisionnement en eau et la biodiversité d’ici à 2100.
M. Bösel souligne que les politiques agricoles actuelles exacerbent le problème. Si la directive européenne sur la surveillance des sols représente un pas en avant, elle a été considérablement affaiblie au cours de son processus législatif, faute d’objectifs juridiquement contraignants et de plans nationaux obligatoires en matière de santé des sols.
Une voie à suivre
Malgré ses limites, l’approche prudente de la directive peut s’avérer bénéfique pour obtenir le soutien des agriculteurs qui ont montré une résistance farouche aux autres initiatives du Green Deal. Toutefois, les experts affirment qu’un changement durable nécessite à la fois une action rapide et une évolution progressive vers des pratiques durables. La présidence hongroise du Conseil de l’UE a donné la priorité à la directive, cherchant à équilibrer les préoccupations environnementales et les intérêts agricoles.
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