Quelques jours après la publication du sixième rapport du GIEC, Mère Nature semble être décidée à illustrer par elle-même les inquiétantes conclusions des experts onusiens. Alors que le record de chaleur en Europe vient d’être battu en Sicile, une région japonaise vient de passer d’un extrême à un autre en quinze jours.
Il y a encore quelques jours, Hokkaido, l’île la plus septentrionale du Japon, était étouffée par une vague de chaleur d’une intensité rarement vue. A son pic, elle a provoqué un record de chaleur dans la ville de Wakkanai, située tout au nord de l’île. Le 29 juillet, on y a enregistré 32,7°C, du jamais vu depuis 128 ans.
Deux semaines plus tard, c’est une vague de froid totalement inhabituelle qui s’abat sur Hokkaido. Au matin de ce jeudi 12 août, soit deux semaines après le record de chaleur, il faisait… 2,6°C à Wakkanai. Pour un mois d’août, c’est là aussi un record absolu. Le calcul est simple: en quinze jours, le mercure a chuté de 30°C dans la ville la plus septentrionale du Japon.
Inondations, hospitalisations et marathoniens olympiques à l’agonie
En parallèle du cas extrême de Wakkanai, c’est tout le Japon qui a subi une énorme vague de chaleur fin juillet/début août. Au total, 7.943 personnes fragiles ont dû être hospitalisées durant cette période.
À Tokyo, la température a même atteint les 40°C. Une canicule qui a poussé les organisateurs des Jeux olympiques à délocaliser le marathon à Sapporo, la plus grande ville de l’île de Hokkaido. Mais, comme expliqué ci-dessus avec Wakkanai, la région, bien qu’elle bénéficie généralement d’un été plus clément, n’a elle non plus pas été épargnée.
La combinaison des fortes chaleurs et des taux d’humidité très élevés a eu raison de près d’un tiers des athlètes masculins: 30 des 106 marathoniens ont abandonné l’épreuve. Côté féminin, 15 des 88 participantes n’ont pas tenu le choc.
Aujourd’hui, la vague de chaleur a quitté le Japon. Si elle s’est transformée en froid intense sur l’île de Hokkaido, ce sont des pluies torrentielles qui frappent à présent Kyushu, la troisième île la plus grande du Japon, située dans le sud-ouest du pays.
Près de 400.000 (!) habitants de la région ont été invités ce jeudi à évacuer, en raison des risques d’inondations et de glissements de terrain. Certaines zones de Kyushu ont même été mises au niveau d’alerte le plus élevé, leurs résidents étant priés de prendre des « mesures immédiates pour protéger leur vie ». Le Japon prie pour ne pas avoir à subir la même catastrophe qu’à l’été 2018, lorsque 225 personnes avaient perdu la vie à la suite de précipitations extrêmes tombées sur l’ouest du pays.
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