Céréales bloquées dans les ports ukrainiens : la Russie tente de « faire chanter le monde »

Les conséquences de la guerre en Ukraine ne se limitent pas à l’énergie, l’approvisionnement alimentaire mondial est également perturbé. L’Ukraine est en effet un important exportateur de céréales, notamment pour l’Afrique du Nord et l’Asie du Sud. La production et l’exportation de céréales ukrainiennes vers le reste du monde sont mises à mal avec le conflit armé, augmentant les risques d’une crise alimentaire. Une menace que Vladimir Poutine souhaite bien exploiter.

La Turquie s’est entretenue avec la Russie et l’Ukraine pour tenter de trouver une solution à cette crise alimentaire qui ne cesse de s’accroitre, augmentant les risques de famine dans de nombreuses régions du monde, rapporte Reuters. Il a en effet été question de négocier un passage sûr pour les céréales ukrainiennes bloquées dans les ports de la mer Noire. Les discussions n’ont malheureusement abouti à aucun accord. L’Ukraine assure en effet que les conditions imposées par la Russie sont déraisonnables.

Face à une menace de famine grandissante, le Kremlin est en quelque sorte en position de force et compte bien en profiter pour mettre la pression sur le reste du monde et faire sauter les sanctions qui lui sont infligées.

« Une crise alimentaire qui touchait déjà plusieurs régions du monde risque, avec la guerre en Ukraine, de dégénérer en une crise alimentaire mondiale si des mesures ne sont pas prises maintenant », a mis en garde le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi Di Maio.

Discours de sourds

Alors que la Turquie et le reste du monde appellent au redémarrage des exportations de céréales ukrainiennes le long d’un corridor maritime sûr, l’Ukraine et la Russie s’accusent mutuellement d’être à l’origine des problèmes d’approvisionnement. L’Ukraine, ainsi que l’Occident, assure que Moscou militarise l’approvisionnement de céréales, alors que la Russie estime que la faute revient aux mines ukrainiennes posées en mer qui empêchent les bateaux de naviguer en sécurité.

Les sanctions internationales infligées à la Russie posent également problème. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que la Russie, en tant que 3e plus grand exportateur de céréales au monde, ne pourrait livrer sa production tant que les sanctions ne seraient pas levées. Or, il n’y a « pas encore de discussions de fond à ce sujet », a-t-il reproché.

Des solutions insuffisantes

Avant le début de la guerre, l’Ukraine expédiait jusqu’à 6 millions de tonnes de céréales par mois. Aujourd’hui, ce volume a chuté à environ 1 million de tonnes. Dans l’impossibilité d’utiliser ses ports pour exporter ses marchandises, l’Ukraine s’est tournée vers des ports fluviaux de plus petite capacité, ainsi que vers les trains, mais malgré tout, le pays ne parvient pas à compenser le manque de ses ports maritimes.

Quant à la mobilisation de la Turquie pour garantir la sécurité des navires de transport au sein de la mer Noire, sa force est insuffisante, selon le directeur du syndicat ukrainien des négociants en céréales UGA Serhiy Ivashchenko. Déminer les ports ukrainiens prendrait au moins deux à trois mois.

À l’heure actuelle, les chances qu’un accord entre les deux parties soit trouvé semblent malheureusement nulles. La famine pourrait donc s’aggraver au cours des prochaines semaines, d’autant plus que l’Inde a décidé de stopper ses exportations mondiales.

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