Ce que cachent les grandes manœuvres des banques européennes

Une nouvelle ère s’ouvre pour le secteur financier européen. Voilà comment on peut interpréter les récents changements à la tête des directions de plusieurs grandes banques de l’UE.

Après la crise économique de 2008 et celle des dettes souveraines qui a suivi dans la zone euro, tout s’est enchaîné très vite (et mal). Les régulateurs ont instauré des exigences de fonds propres plus élevées, la croissance économique s’est arrêtée et la Banque centrale européenne s’est lancée dans une politique de taux d’intérêt négatifs… Dans une manœuvre plutôt ratée.

Les banques seraient toutefois en train de connaître une nouvelle ère, du moins les européennes. C’est en tout cas ce que suggèrent des experts du secteur. Les changements de direction chez des mastodontes tels que HSBC, ING, UBS, Crédit Suisse, RBS et, selon le Financial Times, Barclays prochainement ne relèvent pas d’un pur hasard temporel.

‘La récente tendance au mouvement des CEO est perpétuée par un cycle de mini-banques qui touche à sa fin’, a déclaré à CNBC Tom Kinmonth, stratégiste principal en matière de titres à revenu fixe chez ABN AMRO. Il ajoute que ‘les demandes de capitaux des régulateurs ont commencé à s’atténuer pour la première fois en dix ans’. Après une décennie de faible croissance, les banques européennes entreraient maintenant dans une nouvelle phase. Même si tout n’est pas encore gagné.

Des plans de redressement qui paient

‘Il y a une pression sur les banques pour qu’elles accélèrent l’amélioration de leurs rendements sur les capitaux propres, qui se sont améliorés mais lentement et pas pour toutes les banques’, indique Jeffrey Sacks, responsable de la stratégie d’investissement à la Citi Private Bank. Il poursuit: ‘Les nouveaux CEO apportent de nouveaux plans de redressement, et cela peut également inclure davantage de fusions transfrontalières si les réglementations et les politiques nationales le permettent’.

Les banques européennes considèrent en effet les fusions comme un moyen d’arriver à leurs fins: stimuler leurs activités. En témoignent les discussions entre les banques allemandes Deutsche Bank et Commerzbank pour combiner leurs opérations, qui ont cependant avorté à cause de risques trop élevés.

‘Les banques ont passé les quatre dernières années à apporter d’énormes modifications à leurs structures afin de s’adapter à la multitude de défis et de changements dans la mesure des risques’, déclare Tom Kinmonth. ‘Le mouvement des CEO que nous voyons maintenant est le résultat naturel alors que les plans stratégiques des banques commencent à prendre fin et que nous passons au prochain cycle de gestion du changement pour 2024.’ Les banques européennes ont d’ailleurs récemment affiché des niveaux de rentabilité plus élevés que ceux observés au plus fort de la crise de la dette souveraine.

Pour continuer sur leur lancée, elles devront toutefois prendre en compte un sacré défi dans leur évolution: les nouvelles technologies. Ce serait d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles UBS a débauché Ralph Hamers d’ING, la banque suisse pointant ‘son expérience en matière de transformation numérique’ comme une raison clé. Et il ne faudra pas non plus oublier la panique liée au coronavirus, qui ne cesse de terrifier les investisseurs et marchés financiers mondiaux

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