La dépendance de l’industrie européenne aux composants électroniques venus d’Asie la rend « vulnérable », a regretté lundi le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire, au moment où la pénurie mondiale de semiconducteurs met à l’arrêt de nombreuses usines automobiles.
« Notre dépendance vis-à-vis de l’Asie est excessive et inacceptable (…) elle nous rend vulnérables », a déclaré le ministre lors d’un point-presse à l’issue d’un échange avec le commissaire européen au Marché intérieur Thierry Breton.
Il a notamment prévenu que l’Europe et la France devaient « veiller à éviter le rachat d’entreprises stratégiques » par des concurrents étrangers. « Il y a un certain nombre de projets de rachat, sur lesquels nous ne sommes pas favorables », a-t-il insisté.
Solutions ?
Le ministre français a mis en avant « soit le droit de la concurrence, soit les textes qui existent au niveau européen, ou au niveau national sur les investissements étrangers » pour éviter de tels rachats.
Il propose aussi que l’Union européenne adopte « dès cette année » un nouveau projet important d’intérêt européen commun (PIEC) dédié à l’électronique, à l’image de celui conclu sur les batteries électriques.
« La France a déjà identifié 18 projets » qui pourraient être « éligibles » à ce projet, a indiqué Bruno Le Maire.
Selon lui, cet enjeu devient d’autant plus urgent avec la pénurie de semi-conducteurs qui touche le monde actuellement et pénalise notamment le secteur automobile.
Secteur automobile
En Allemagne, la production automobile a ainsi baissé de 23% en janvier 2021 notamment en raison de jours de chômage partiel dans des usines en lien avec cette pénurie.
Aux États-Unis, General Motors et Ford ont déjà dû suspendre la production dans plusieurs usines et prévenu que cela devrait leur coûter plusieurs milliards de dollars.
Le président américain Joe Biden a indiqué que son administration envisageait d’intervenir pour débloquer les chaînes d’approvisionnement, par exemple en développant une production aux Etats-unis ou via un renforcement de la « coopération » avec ses partenaires.
La France a de son côté lancé une cellule de crise sur le sujet qui réunit les filières électronique et automobile. L’objectif dans cette situation d' »urgence » est « d’avoir une meilleure allocation des composants », a expliqué lundi Bruno Le Maire.