Longtemps, on a pensé que seuls des régimes peu soucieux de la démocratie utilisaient des logiciels d’espionnage pour surveiller des politiciens, des journalistes et des opposants. Cependant, de plus en plus de pays occidentaux semblent également utiliser le logiciel Pegasus, qui permet de pirater et d’écouter des téléphones portables. L’Europe n’est pas du tout satisfaite.
Qu’est-ce que Pegasus ? C’est un logiciel qui peut être installé sur le téléphone de quelqu’un. Il permet un accès complet à l’appareil. Tous les documents, photos et messages peuvent être consultés, et il est aussi possible d’écouter des conversations téléphoniques. Ces dernières années, de nombreux politiciens de premier plan ont été victimes de Pegasus. Parmi eux, le président français Emmanuel Macron, le journaliste assassiné Jamal Khashoggi et le le fondateur d’Amazon, Jeff Bezos, ont été écoutés grâce à Pegasus.
Dans l’actualité : Les États membres européens sont invités à expliquer leur utilisation de Pegasus au Parlement européen.
- Au Parlement européen, une résolution a été adoptée la semaine dernière, demandant aux gouvernements de l’Espagne, de la Hongrie, de la Grèce, de la Pologne et de l’Azerbaïdjan d’expliquer leur utilisation du logiciel espion Pegasus. La Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas et l’Allemagne sont également convoqués. Ils doivent préciser dans les trois mois comment ils utilisent exactement ce logiciel.
- L’année dernière, il a été révélé que la police belge utilisait ce système. Cependant, elle prétend ne l’utiliser que pour certaines missions d’espionnage. La Police fédérale avait alors déclaré au journal De Standaard qu’elle « opérait dans un cadre judiciaire. L’interception de données par la police est effectuée dans un cadre légal, dans le cadre d’une enquête criminelle spécifique sur des faits criminels spécifiques, toujours avec l’approbation et sous la supervision d’un juge d’instruction. »
Pegasus et Predator
À côté de Pegasus, il y a aussi Predator, un outil concurrent qui sert en réalité au même objectif.
- Une étude d’Amnesty International montre que 25 pays ont acheté le logiciel Pegasus pour espionner des politiciens européens. L' »infection » se produisait en se rapprochant d’une personne ayant le logiciel, ou même par des liens frauduleux, notamment diffusés via X.
- L’étude révèle que la vente de Pegasus à différents gouvernements en Europe a eu lieu malgré les lois européennes sur l’espionnage. Ces lois stipulent qu’une telle technologie ne peut être vendue qu’avec l’approbation européenne.
- Le logiciel Predator a surtout créé un scandale politique en Grèce. L’année dernière, il a été révélé que les téléphones du journaliste d’investigation de CNN, Thanasis Koukakis, et du leader du parti d’opposition PASOK (et membre du Parlement européen) Nikos Androulakis, avaient été mis sur écoute par les services de renseignement grecs. Il est rapidement apparu que le chef de cabinet du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis était également au courant. Le chef de cabinet de Mitsotakis et le chef du service de renseignement ont démissionné.
MB