Le géant chinois organise lundi un événement pour les développeurs, dans le métavers XiRang. Il veut développer un métavers open source. Face aux modèles américains, l’entreprise chinoise reste modérée : pas de ventes de propriétés, pas de cryptomonnaies.
Les réseaux sociaux et acteurs numériques qui se lancent dans les métavers, ça le sera assurément l’une des grandes tendances de l’année 2021. Après Facebook, le géant chinois de l’internet veut également créer son propre métavers. Lundi aura lieu son « événement développeurs » annuel, qui sera entièrement organisé à distance ; pas via les écrans interposés que nous connaissons bien depuis des mois maintenant, mais bien à travers un prototype de son métavers, un monde virtuel accessible via son app XiRang.
Il ne faut cependant pas s’attendre à une ouverture en grande pompe, avec des fanfares et du champagne. Les attentes ont été revues à la baisse. De nombreux éléments ne seraient pas encore au point, des écrans deviennent tout noirs ou violets lors du chargement par exemple. Il faudra encore attendre six ans pour que le système soit entièrement prêt, relève CNBC, qui a assisté à la conférence de presse.
L’événement de lundi pourra néanmoins déjà accueillir 100.000 personnes, et aura lieu dans un stade virtuel. A terme, Baidu souhaite créer une plate-forme open source pour les développeurs, et l’événement de lundi est donc une première ouverture pour les développeurs chinois.
Voici pour un premier aspect visuel du métavers :
« Aux balbutiements »
« Le métavers, même si c’est un mot à la mode dans la communauté mondiale de la technologie et de l’investissement, n’en est encore qu’à ses balbutiements », explique Brian Tycangco, analyste chez Stansberry Research. « Beaucoup de personnes ne comprennent même pas complètement ce que ce mot signifie aujourd’hui ou signifiera dans les 3 à 5 prochaines années. »
Dans ce contexte, le délai imaginé par Baidu reflète comment l’entreprise comprend et interprète ce qu’est et sera le métavers. Il reflète également une approche conservatrice, et une manière de s’adapter aux régulations chinoises strictes dans le domaine de la tech, explique l’expert. « Baidu tente manifestement d’aller de l’avant pour ‘s’approprier’ le métavers sur son marché national tout en respectant les nouvelles politiques de Pékin visant à prévenir les situations de monopole, d’où la plateforme ouverte. »
L’entreprise se défend et estime que le fait d’être ouvert fait partie de son ADN. Notamment car, via le développement open source, des solutions telles que des nouvelles applications peuvent être trouvées plus rapidement.
Le métavers chinois, plus vite une réalité que l’américain?
Les analystes ne semblent pas d’accord sur cette question. Alibaba en tout cas offre un service de cloud en métavers. Le patron de Tencent s’attend à ce que le gouvernement chinois encourage le développement, et à ce qu’il crée des lois spécifiques au marché chinois.
De l’autre côté du Pacifique, Bill Gates voit la réunion de travail se dérouler dans le métavers, dans les deux à trois années à venir. Même horizon pour Horizon World, qui voudra alors devenir accessible au grand public.
Investissement raté ?
Avec les six ans d’attente pour Baidu, contrairement aux trois ans environ pour Facebook, Dan Bush, spécialiste en marchés pour Wedbush Securities, estime que l’entreprise chinois rate le train des investissements. « Dans les années à venir, dès 2024, le marché sera très important… c’est une déception pour les investisseurs », explique-t-il.
Du côté chinois en tout cas, le discours est plus sobre. L’Etat avertit régulièrement des risques que le métavers comporte, notamment à cause d’arnaques, et a dernièrement averti qu’il pourrait juste s’agir d’un surenchérissement médiatique. Alors que des ventes de terrains virtuels ont déjà été annoncées dans certains métavers, sur XiRang cela ne sera pas possible. L’utilisation de cryptomonnaies non plus, même si ce métavers repose sur un système similaire à la blockchain.
Dans les années à venir, il sera sans aucun doute intéressant d’observer comment les différents pays vont gérer les métavers, quelles lois vont venir les encadrer, quels impôts vont venir les réguler.