Au États-Unis, il y a plus de postes à pourvoir que de demandeurs d’emplois. Et les firmes peinent à embaucher, ce qui les pousse à offrir des incitants, parfois très généreux. Une situation qui risque de se résorber avec la fin des allocations de chômage exceptionnelles mises en place pendant la pandémie.
Alors que la majorité des pays européens subit plutôt des pénuries d’emploi, le fait mérite d’être remarqué : aux États-Unis, le nombre de postes à pourvoir dépasse très largement le nombre de personnes cherchant un travail. Selon le Department of Labor, 8,7 millions d’Américains en âge de travailler seraient sans emploi et en recherche active d’un job. Or, le géant des petites annonces professionnelles Indeed recensait 9,8 millions d’offres à pourvoir en date du 16 juillet dernier. Une différence qui dépasse donc le million.
Pourtant, les employeurs américains peinent à trouver des gens pour occuper ces postes à pourvoir. Car le coronavirus est passé par là, et il a profondément transformé le monde du travail. Finies, les journées en open space réglées comme du papier à musique. L’idée d’un travail plus flexible est en train de devenir la norme.
Assurance santé pour bestioles
Et les travailleurs ont conscience de leur valeur, car c’est maintenant aux firmes de convaincre les postulants qu’elles peuvent leur offrir des conditions avantageuses. Selon une étude menée par la firme de consulting Gallagher, 41% des employeur américains déclarent mettre en place des incitants à l’embauche. Qui peuvent prendre des formes étonnantes : 19% des firmes proposent des assurances de santé pour animaux de compagnie.
Une tendance particulière qui, selon le Gallagher, pourrait augmenter de 27% dans les années à venir. Et qui reflète bien à quel point nos compagnons à poils, plumes, ou écailles, ont été d’une aide précieuse pendant les vagues de confinement.
Covid lifestyle
Selon Scott Hamilton, global managing director chez Gallagher, c’est bien la pandémie qui a provoqué ce changement de paradigme: « C’est l’un des marchés du travail les plus complexe de l’histoire récente, dont l’un des principaux facteurs est que les employeurs doivent en quelque sorte racheter le « Covid lifestyle » des postulants ».
Les firmes mettent en place des horaires flexibles, des ristournes, des services d’aide juridique, et surtout des assurances maladies dans la balance afin de séduire de nouveaux employés. Un sujet toujours sensible dans un pays où se soigner peut coûter une fortune et où la sécurité sociale ne va pas de soi.
Mais attention, les USA ne se dirigent pas pour autant vers une période de plein emploi, où le travailleur serait roi. Ces emplois qui apparaissent en masse participent plutôt à un retour aux chiffres pré-pandémie. « Les chiffres de la force de travail n’augmentent pas, ceci est plutôt une recroissance de l’emploi » confirme M. Hamilton. « Nous faisons réapparaitre des emplois perdus durant la crise. Cette croissance va donc ralentir au fur et à mesure que les travailleurs reviennent sur le marché, avec de nouvelles attente et un nouveau rythme de vie. »
Chômage dopé
Pour une certains proportion d’entre eux, le retour vers l’emploi semblait aussi moins profitable qu’auparavant. Car, crise oblige, les allocations de chômage ont été augmentées de 300$ par semaine à l’occasion de la pandémie. Ce qui a permis à de nombreuses familles de maintenir la tête hors de l’eau, mais qui fait craindre à certains employeurs une vague de démotivation au travail causée par cette « générosité » de l’État. Une idée qu’a réfutée le président Biden en mai dernier. Pour lui, il n’y a ‘pas beaucoup de preuves’ que l’allocation de chômage dissuadait les gens d’accepter un emploi. ‘Les Américains veulent travailler’, a-t-il assuré.
De toute manière, ce chômage plus élevé n’était qu’une mesure provisoire, qui doit prendre fin en septembre prochain. Une échéance qui, pour les experts américains de l’emploi, devrait provoquer un retour de beaucoup de demandeurs d’emplois vers une recherche plus active. On peut en tout cas espérer que cette pénurie d’embauche leur permettra de négocier de meilleures conditions de travail, dans un pays où le salaire minimal est toujours fixé par le gouvernement fédéral à 7,25$ de l’heure. Soit 6€.
Pour aller plus loin :