Arrêt forcé d’un réacteur nucléaire à Tihange: ‘un technicien a oublié de reconnecter le système’

Aucune communication de l’agence de contrôle ou l’exploitant de la centrale n’avait jusqu’ici fourni des explications sur cet arrêt accidentel du réacteur pendant de longues heures.

Conformément à la législation, les gestionnaires de réseau de transport d’énergie publient des données pertinentes sur la disponibilité, les moyens de production ou encore les pannes. C’est ainsi qu’on apprend sur la plateforme de centralisation des données de l’ENTSO-E (European Network of Transmission System Operators for Electricity) qu’un arrêt non planifié est survenu à la centrale nucléaire de Tihange le 14 décembre dernier.

Plus précisément, un arrêt forcé du réacteur Tihange 1 mis en service il y a près de cinquante ans. L’information est ainsi archivée dans les tableaux inventoriant les indisponibilités de réseau sans autre précision. Et aucune communication spécifique n’a été apportée entretemps par l’exploitant de la centrale, Engie-Electrabel, ou l’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN).

Alors que l’AFCN a senti bon de signaler un autre arrêt inattendu, celui du réacteur Tihange 2, qui a eu lieu le 19 janvier suite à ‘un mauvais suivi d’une procédure et à une défaillance dans le suivi des paramètres’. Incident pourtant classé au rang d’anomalie selon l’échelle internationale des événements nucléaires (INES).

transparency.entsoe.eu

‘Erreur humaine’

En l’absence manifeste de suivi relatif à un arrêt sur le même site nucléaire un petit mois auparavant, il était légitime de s’interroger sur les raisons, l’impact éventuel et l’effet potentiel de la crise sanitaire sur les conditions de redémarrage. Le député fédéral Samuel Cogolati (Ecolo) a justement adressé ces questions par écrit à la ministre de l’Intérieur.

‘Le réacteur nucléaire de Tihange 1 était en phase de redémarrage le week-end du 12-13 décembre 2020. Durant cette phase, différents tests doivent être menés sur les composants. Le samedi après-midi, alors que le réacteur était à 15% de puissance, la turbine sud de Tihange 1 s’est arrêtée, suite à un problème technique sur son alternateur’, lui a répondu la ministre Annelies Verlinden (CD&V).

Consécutivement à la mise automatique en protection de différents composants, le réacteur a automatiquement réalisé un arrêt d’urgence.

Quant à la cause, pas d’avarie, pas de surchauffe, l’erreur est bien humaine.

‘Le problème technique est dû à une erreur humaine. Un technicien a mal suivi une procédure et a oublié de reconnecter un système électrique après avoir réalisé un test prévu’, a complété la ministre.

La routine ?

Selon l’analyse, cet arrêt d’urgence n’a eu aucun impact sur le personnel de la centrale, la population ou l’environnement, et relève donc du niveau 0 de l’échelle INES.

Le processus de redémarrage a donc été repris le dimanche soir et l’unité s’est connectée au réseau.

‘Le redémarrage étant une opération impliquant essentiellement le personnel de conduite de routine, la situation sanitaire n’a quasiment pas d’impact sur le redémarrage’, a ponctué Annelies Verlinden.

En attendant, après ces rassurantes précisions de la ministre, une interrogation persiste à propos d’une communication à géométrie variable sur les aléas nucléaires.

D’ailleurs, à bien regarder les données d’indisponibilité, une ‘panne forcée’ en lien avec le système de refroidissement a touché un réacteur de la centrale de Doel entre les 15 et 18 août 2020, réduisant de plus de moitié sa capacité de production.

Et, plus récemment, un arrêt non planifié a de nouveau eu lieu à Tihange du 27 février au 1er mars 2021 en raison d’un ‘problème technique sur une pompe’. Dont acte.

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