L’Arabie saoudite tente à nouveau de manipuler le marché mondial du pétrole pour atteindre ses objectifs budgétaires

L’Arabie saoudite tente à nouveau de manipuler le marché mondial du pétrole pour atteindre ses objectifs budgétaires
Le prince Abdulaziz ben Salman, ministre saoudien de l’Energie et le projet NEOM – (Christopher Pike/Bloomberg via Getty Images

L’Arabie saoudite prolongera sa réduction de production d’un million de barils par jour de juillet à août, afin de soutenir le prix du pétrole sur le marché mondial, qui baisse inexorablement. La Russie prendra également des mesures le mois prochain pour limiter ses exportations de pétrole, en réduisant de 500 000 barils par jour.

Dans l’actualité : Les Saoudiens espèrent faire augmenter le prix du pétrole sur le marché mondial pour au moins passer la barre de 80 dollars le baril. C’est le montant qui a été calculé pour le budget. Le pays veut utiliser cet argent pour réaliser entre autres son projet mégalo NEOM, une mégapole futuriste qui coûtera pas moins de 500 milliards de dollars.

Mais : Après l’annonce de la prolongation, le prix du Brent et du WTI, le prix de référence respectivement en Europe et en Amérique, n’a augmenté que de 1 %. Malgré les efforts des Saoudiens, de la Russie et du reste de l’OPEP+, il ne semble pas que les prix puissent être significativement soutenus.

La énième tentative

Les efforts : Le cartel pétrolier et ses alliés, dont l’Arabie saoudite est le pays le plus influent, essaient depuis l’année dernière de maintenir le prix du pétrole élevé.

  • Après une première réduction de production de 2 millions de barils en octobre 2022, une autre réduction de 1,1 million de barils a été décidée en avril. Après chaque annonce, les prix du pétrole ont grimpé, mais ils ont rapidement baissé par la suite.
  • C’est pour cette raison que l’Arabie saoudite tente à nouveau sa chance : elle a décidé de réduire à nouveau la production de 1 million de barils en juillet, et maintenant aussi en août. Il est possible que la réduction soit prolongée par la suite, indique l’agence de presse saoudienne (SPA).
  • La Russie, qui n’est pas membre de l’OPEP mais fait partie de l’OPEP+, où elle est d’ailleurs le plus grand producteur après l’Arabie saoudite, affirme qu’elle produit 500 000 barils par jour de moins depuis février. Toutefois, les chiffres rendent cette affirmation douteuse. La Russie annonce maintenant qu’elle réduira sa production de moitié en août, en plus de la réduction précédente.

Les mesures fonctionnent-elles ?

Il est important de noter que : Les mesures visant à soutenir les prix du pétrole semblent de moins en moins efficaces à mesure que le monde tombe dans une crise économique de plus en plus profonde, ce qui fait baisser la demande d’or noir.

  • Après la première réduction en octobre de l’année dernière, la plus forte réduction de production depuis la pandémie, le prix du pétrole WTI a grimpé, passant d’environ 82 à 91 dollars le baril, soit une augmentation d’environ 11 %. Quelques semaines plus tard, cette augmentation avait disparu.
  • Au début d’avril également, lorsque la deuxième réduction de production a été annoncée, les prix ont initialement grimpé. Cependant, l’augmentation était moins importante et a disparu aussi vite qu’en octobre dernier. Les prix du pétrole ont augmenté de 8%, pour atteindre 81 dollars le baril de WTI, un niveau qui n’a jamais été atteint depuis.
  • Lors du dernier tour début juin, l’augmentation était encore plus petite, passant de 68 à 72 dollars.
  • Au total, le prix du WTI a déjà baissé de plus de 20 % depuis la première réduction de production en octobre. Cela est dû entre autres à une faible demande en provenance d’Asie et à une économie européenne en contraction.

BL

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