Après le triomphe de Gabriel Boric à la présidentielle, la bourse chilienne accuse le coup

Au lendemain de la victoire du candidat derrière lequel s’était réunie la gauche chilienne, La Bourse de Santiago décroche. Le principal indice, l’IPSA, avait fondu de plus de 6% le jour même de l’annonce de la victoire finale – et inattendue – du candidat de 35 ans.

Pour rappel, Gabriel Boric, diplômé en droit et militant de gauche bien connu, a remporté contre toute attente le second tour de l’élection présidentielle ce dimanche soir, avec 56% des voix. Il a ainsi battu José Antonio Kast, le candidat de la droite, nostalgique de la dictature d’Augusto Pinochet et grand admirateur du président brésilien Jair Bolsonaro, qui menait pourtant au premier tour avec 27,9% des suffrages contre 25,8%.

La bourse préférait l’extrême droite

Or, visiblement les milieux financiers étaient plutôt favorables au candidat d’extrême droite, selon BFM TV : après le dépouillement du premier tour, qui annonçait une victoire probable de Kast, le 21 novembre dernier, l’IPSA avait connu une hausse de 9,25%. La même période faste avait d’ailleurs été observée au Brésil voisin, en 2019, où la Bourse nationale a battu des records après l’intronisation de Jair Bolsonaro.

Gabriel Boric a été élu sur la promesse de mettre en place un système d’État-providence, un changement d’ampleur dans un Chili particulièrement libéral, mais qui est aussi devenu le pays le plus inégalitaire de l’OCDE. Le nouveau président entend mener une grande réforme fiscale pour faire participer les plus riches à son programme de meilleur accès à la santé, à l’éducation et à la création d’un nouveau système de retraite, aujourd’hui entièrement privé.

Ce dimanche, après sa victoire, il a promis à ses partisans et au peuple chilien « plus de droits sociaux tout en restant fiscalement responsable ». Une manière de rassurer les partisans de son opposant, qui l’a régulièrement taxé de communiste, attisant ainsi la crainte des milieux conservateurs du pays. Ainsi que des milieux financiers, qui visiblement digèrent mal cette victoire de la gauche : la bourse nationale plonge ainsi à son plus bas niveau depuis deux mois.

Une économie en berne

L’économie chilienne est d’ailleurs globalement mal en point, tant elle a été affectée par l’épidémie de coronavirus. Après une baisse de 5,8% en 2020 en raison des mesures de confinement imposées par la pandémie, le PIB du Chili a rebondi pour terminer l’année 2021 avec une croissance de 11,5%. Mais une grande partie de cette croissance a été alimentée par des subventions gouvernementales (3 milliards de dollars) pour stimuler une économie ravagée par la pandémie et par des retraits individuels dans les fonds de pension privés (50 milliards de dollars).

Dans un contexte d’inflation, la Banque centrale devrait encore relever son taux d’intérêt directeur, déjà passé de 1,5 à 4% en deux augmentations depuis octobre. Celui-ci devrait être porté à 6% l’année prochaine, soit plus du double de la fourchette ciblée. Voilà probablement le premier challenge auquel aura à faire face le président Boric, qui ne bénéficie pas d’une majorité au parlement.

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