Mardi, le Dow Jones a franchi pour la première fois de son histoire le cap magique de 30.000 points. La Bourse nage en pleine euphorie, alors que la pandémie de coronavirus continue à faire des ravages et que le spectre d’un Brexit sans accord se rapproche inexorablement. Combien de temps cela peut-il encore durer? Cela dépend à qui l’on pose la question….
Si cette personne est un stratège de HSBC, Willem Sels, la réponse est: ‘Encore un peu’. Son argument est simple: dans les 6 à 12 mois à venir, l’économie mondiale se portera bien mieux qu’aujourd’hui. Jusqu’à nouvel ordre, le portefeuille d’investissements qu’il cogère continuera donc à être principalement composé d’actions.
Willem Sels reconnaît toutefois que tout le monde n’est pas aussi optimiste que lui. Il y a encore beaucoup d’argent qui est parqué dans l’or ou les obligations. Ce sont les refuges classiques des investisseurs qui redoutent les turbulences. Mais même ces investisseurs devraient oser intégrer plus de risques dans leurs portefeuilles au cours des prochains mois.
Même les actions technologiques valent encore la peine d’être achetées, selon Willem Sels. Pendant les mois de turbulence engendrés par le coronavirus, elles ont obtenu de bien meilleurs résultats que le reste du marché. ‘Nous sommes toujours dans une révolution numérique qui nous permet d’atteindre une croissance supérieure’, estime le stratège de HSBC. Si l’homme ne donne pas de noms, il a toutefois quelques conseils pour les investisseurs. Selon lui, ces derniers feraient mieux de retirer leur argent des cinq géants, à savoir Apple, Microsoft, Amazon, Facebook et Alphabet (Google). ‘Vous pouvez surfer sur la croissance tout en évitant les valorisations élevées des cinq premiers’, affirme-t-il.
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There Is No Alternative
Cependant, tout le monde n’est pas convaincu que la fête peut durer encore longtemps. En face du ‘taureau’ (bull) Willem Sels on retrouve ‘l’ours’ (bear) Marc Fiorentino. Ce spécialiste français des marchés ne voit qu’une seule raison pour laquelle les bourses sont à des niveaux record. Et c’est une gigantesque bulle de liquidités. Il rejette catégoriquement la théorie selon laquelle le cours actuel des actions serait un prélude à la reprise économique post-pandémie.
L’analyse de Marc Fiorentino est la suivante: Les marchés boursiers sont à un niveau aussi élevé simplement parce que les banques centrales ont injecté un énorme flot de liquidités. ‘Et celles-ci sont à la recherche d’un rendement. Or dans un monde où les taux d’intérêt sont à zéro, vous vous retrouvez dans une situation TINA: There Is No Alternative. Vous n’avez pas d’autres choix que de rechercher du rendement dans les actions.’
Mais cette histoire touche à sa fin, estime Marc Fiorentino. À ses yeux, la meilleure illustration que cette bulle est sur le point d’éclater est l’action Tesla. ‘Tesla est une aberration entièrement due à l’excès de liquidités sur le marché’, écrit-il. ‘La valorisation était déjà folle lorsqu’elle atteignait 250 milliards de dollars, et entretemps, elle a encore doublé.’
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