Après l’Afghanistan, le Sahel ? Le nouveau scénario qui terrifie l’ONU

Les Nations Unies craignent un regain d’activité jihadiste après la victoire des talibans à Kaboul. La principale offensive d’une organisation islamiste pourrait venir du Sahel, et en particulier du Mali, où la France a récemment annoncé son retrait militaire.

La victoire aussi rapide que totale des talibans sur le gouvernement afghan risque bien de susciter une vague d’enthousiasme parmi les mouvements jihadistes du monde entier; nombreuses sont les milices ou les factions terroristes qui caressent aussi le rêve d’établir leur propre émirat. Un scénario qui n’a rien d’impossible au Sahel, la bande de l’Afrique marquant la transition entre le domaine saharien au nord et les savanes du domaine soudanien au sud. Soit un territoire qui s’étend de l’Atlantique à la mer Rouge où sévissent deux mouvements jihadistes importants, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou JNIM, lié à Al-Qaïda) et l’État islamique au grand Sahara (EIGS).

Objectif Bamako ?

Des mouvements qui, selon le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres, pourraient bien se sentir pousser des ailes: « Il y a un vrai danger. Ces groupes terroristes peuvent se sentir enthousiasmés et avoir des ambitions au-delà de ce qu’ils pensaient il y a quelques mois. Il est « essentiel de renforcer les mécanismes de sécurité, car le Sahel est le point faible le plus important qu’il faut soigner. Ce n’est pas seulement le Mali, le Burkina ou le Niger, maintenant il y a des infiltrations en Côte d’Ivoire, au Ghana. »

Ces mouvements jihadistes s’étaient emparés d’un large territoire au nord du Mali en 2012, avant de marcher sur Bamako l’année suivante et d’être arrêtés in extremis par l’opération Serval de l’armée française en janvier 2013. Celle-ci devient l’opération Barkhane de soutien à l’armée malienne à partir du 1er août 2014. Mais depuis, la question du maintien d’une présence militaire tricolore dans le pays se pose. Pour Antonio Guterres, même si la situation au Sahel est très différente de l’Afghanistan, il ne faut pas hésiter à en tirer des leçons afin d’éviter de commettre des erreurs similaires. Et le secrétaire général de plaider pour la mise en place d’une Mission internationale de soutien au Mali (MISMA), sous l’égide de l’Union africaine et avec le soutien des Nations unies. Un projet qui date d’ailleurs de 2012, mais qui n’avait pu être concrétisé face à la rapidité de l’avance islamiste.

Retrait annoncé des Français

M. Gueterres envisage donc la création d’une force africaine de lutte antiterroriste, avec un mandat sous chapitre sept (prévoyant le recours à la force) du Conseil de sécurité et avec des fonds affectés, qui puissent garantir une réponse au niveau de la menace. « Mais je crains aujourd’hui que la capacité de réponse de la communauté internationale et des pays de la région ne soit pas suffisante » a-t-il ajouté.

Le 10 juin dernier, le président Macron a annoncé la fin programmée de l’opération Barkhane, sans annoncer de calendrier de retrait. Une décision à lier sans doute au dernier coup d’État au Mali. Si Paris compte rapatrier ses soldats, la France continuera à appuyer l’armée malienne avec ses forces spéciales et son aviation, et surtout les troupes françaises seront remplacées par le groupement de forces spéciales européennes « Takuba », auquel participe la Belgique, et qui regroupera 600 soldats. Pas de retraite générale en vue donc, mais un appel certain à la vigilance dans cette région du monde.

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