6 signes qui montrent que la France se prépare à de nouvelles guerres

La France prépare son armée. Après une décennie marquée par des campagnes de contre-insurrection, un vent différent souffle sur Paris. The Economist, estime même qu’un conflit de haute intensité est en préparation. Business AM répertorie les éléments qui amènent à le penser.

1. Exercice Orion

‘Orion’ est un exercice de combat prévu pour 2023. Il s’agit d’un exercice de division à grande échelle qui durera plusieurs jours, probablement depuis les camps de Suippes, Mailly et Mourmelon.

Toutes les capacités militaires françaises seront déployées à une échelle qui n’a plus été testée depuis des décennies. Orion comprend notamment une formation au poste de commandement, des scénarios hybrides, des simulations et des exercices d’incendie.

L’exercice pourrait mobiliser des milliers de soldats. Outre les troupes au sol, l’armée de l’air et la marine joueront également un rôle. Les forces armées belges, britanniques et américaines devraient également participer.

2. Vision pour 2030

Dans sa vision stratégique pour 2030 publiée l’année dernière, le général Thierry Burkhard, chef de l’armée française, a souligné la nécessité de se préparer à des ‘conflits de haute intensité‘. C’est-à-dire des conflits d’État à État.

‘Nous devons absolument nous préparer à un monde plus dangereux’, a déclaré Burkhard au The Economist. Cela nécessite un ‘renforcement’ de l’armée de terre.

Actuellement, la France compte 5.100 soldats au Sahel dans le cadre de l’opération Barkhane. Les opérations futures ‘pourraient inclure des brigades, ou une division’, ce qui équivaut entre 8.000 à 25.000 soldats.

3. L’expérience du Sahel: un tournant

Au cours de la dernière décennie, les forces françaises se sont concentrées sur les campagnes de contre-insurrection et la lutte contre le terrorisme. Tant en France (Opération Sentinelle) qu’à l’étranger (Opération Barkhane). L’expérience du Sahel, selon Burkhard, est ‘indéniablement un réel atout’.

Dans une vaste zone de broussailles semi-arides, soldats et forces spéciales participent à des opérations de combat à haut risque. Celles-ci posent un défi à la fois technique et tactique. Il y a d’ailleurs eu 57 morts depuis 2013.

L’Opération Barkhane est un conflit très asymétrique, dans lequel les Français ont la supériorité aérienne. Le tout sans interférence de communication ni menace de drones, de missiles ou de cyberattaques, ce qui serait sans doute le cas dans un conflit d’État à État. Mais la France profite néanmoins de son expérience au Sahel qui lui apporte d’autres compétences.

4. Dix groupes de travail

En janvier, l’état-major a discrètement nommé dix groupes de travail. Ces groupes doivent déterminer dans quelle mesure le pays est préparé à une guerre intensive. Les généraux français estiment qu’ils ont une décennie pour y être prêts.

Les groupes sont concernés par à peu près tout: des pénuries de munitions à la résilience de la société. Un exemple? La question de savoir si les citoyens sont ‘prêts à accepter le plus grand nombre de victimes que nous ayons vu depuis la Seconde Guerre mondiale’ est sur la table, explique un participant.

Le risque d’une guerre au plus haut niveau est désormais si répandu dans la pensée militaire française que le scénario a son propre acronyme: HEM, ou ‘hypothèse d’engagement majeur’.

Les opposants présumés ne sont pas nommés. Les analystes pointent eux non seulement la Russie, mais aussi la Turquie ou un pays d’Afrique du Nord (la Libye par exemple).

5. Modernisation de l’armée

Le cœur de la modernisation militaire française est le programme Scorpion. Ce projet à 6,8 milliards de dollars doit remplacer pratiquement tous les véhicules de première ligne motorisés et blindés de l’armée.

Le programme Scorpion modernise notamment le char Leclerc des années 1990, et connectera tous les véhicules via un nouveau réseau numérique. La première brigade Scorpion entièrement équipée devrait être prête d’ici 2023.

Au total d’ici 2025:

Rémy Hémez, officier et chercheur français, affirme que l’équipement de l’armée aura plus changé dans les 15 années entre 2010 et 2025 que dans les quatre décennies entre 1970 et 2010.

6. Aérospatiale

En septembre de l’année dernière, l’armée de l’air française a été baptisée ‘Armée de l’Air et de l’Espace’. Elle est le fruit de l’intention du président Macron qui l’évoque dès juillet 2019. Y figure aussi un Grand commandement de l’espace qui se situe à Toulouse.

Une guerre de l’espace est prise très au sérieux. Elle vise à se protéger des menaces potentielles des États, notamment au niveau des satellites. Un exercice a même déjà eu lieu: la mission AsterX le 8 mars 2021, ‘le premier exercice de ce type en Europe’.

Conclusion: Macron tient finalement ses promesses

Lorsque le président Emmanuel Macron a été élu en 2017, il y avait un doute initial au sein des forces armées sur son amour pour les militaires (lire: amour pour les dépenses militaires).

Après avoir imposé une série de coupes à court terme, le président a eu une dispute publique avec le général Pierre de Villiers, alors chef d’état-major interarmées. Ce qui a poussé le général à démissionner.

Depuis lors, cependant, Macron a tenu sa promesse de campagne d’investir sérieusement dans ses soldats. Les dépenses annuelles atteindront 50 milliards d’euros d’ici la fin de son mandat. C’est 46% de plus qu’en 2018.

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