Apple participe-t-il à la censure de l’État chinois? On pourrait bientôt le savoir

Selon The Guardian, deux importants groupes d’actionnaires ont soutenu une proposition pour forcer l’entreprise tech à s’engager davantage en matière de droits de l’homme.

En saura-t-on bientôt plus sur la participation d’Apple dans les demandes de censure de la Chine? Une résolution sur les droits de l’homme pourrait bien influer en ce sens. On la doit à la communauté SumOfUs, qui a cité plusieurs préoccupations concernant la relation d’Apple avec l’État chinois dans sa soumission aux investisseurs.

Une motion doit être votée par les investisseurs d’Apple ce mercredi, au grand dam de l’entreprise qui aurait tenté de bloquer le vote. Mais les allégations selon lesquelles Apple se serait incliné devant Pékin et aurait bloqué l’utilisation d’applications aux clients chinois ont été plus fortes que tout. La marque à la pomme aurait-elle donc effectivement quelque chose à se reprocher?

Des applications non disponibles en Chine

Selon The Guardian, cette proposition a maintenant l’appui des groupes influents de gouvernance d’entreprise, ISS et Glass Lewis. Un soutien qui pourrait faire pencher la balance en ‘défaveur’ d’Apple, car ces deux sociétés conseillent les plus grands investisseurs institutionnels du monde sur leurs votes lors des assemblées annuelles des entreprises.

‘Nous pensons qu’il serait prudent que la société fasse preuve d’une plus grande transparence sur la façon dont elle respecte le droit à la liberté d’expression’, a déjà indiqué Glass Lewis aux investisseurs, avant l’assemblée de mercredi.

Glass Lewis et ISS ont tous deux mis en avant divers rapports sur les applications d’Apple non disponibles en Chine. L’entreprise tech avait déjà retiré ses services iBooks Store et iTunes Movies pour ses clients chinois en 2016. L’année suivante, Apple a ensuite supprimé plusieurs applications VPN utilisées par les citoyens chinois pour contourner la censure d’État. Et l’an dernier, la société californienne a retiré HKMap.Live, une application de cartographie utilisée par les manifestants de Hong Kong pour suivre les activités de la police.

Un rapport sur la liberté d’expression

Si cette proposition est effectivement approuvée, ses répercussions pourraient se faire sentir bien au-delà de la Chine, exposant les tensions entre Apple et d’autres pays.

Le projet de SumOfUs obligerait par ailleurs le conseil d’administration d’Apple à préparer un rapport annuel sur ses politiques en matière de liberté d’expression et d’accès à l’information. Et d’y indiquer s’il est ‘publiquement engagé en faveur de la liberté d’expression et de l’accès à l’information’. ‘Pire’ encore, l’entreprise devrait divulguer une ‘description des mesures prises par Apple au cours de l’année écoulée en réponse aux demandes du gouvernement ou de tiers qui étaient raisonnablement susceptibles de limiter la liberté d’expression ou l’accès à l’information’. Bref, à savoir si Apple participe effectivement à la censure d’État.

SumOfUs devra pourtant encore batailler pour faire adopter sa proposition. Le conseil d’administration d’Apple qui compte le grand patron Tim Cook et l’ex-vice président Al Gore s’y oppose fermement. Dans une tentative de découragement, l’entreprise a déjà déclaré que la proposition est ‘inutile compte tenu des nombreuses informations qui sont déjà fournies publiquement à nos actionnaires et utilisateurs’. Apple publie effectivement le nombre de demandes gouvernementales qu’elle reçoit par pays pour le retrait de données sur les clients et d’applications. Mais alors pourquoi s’y opposer s’y farouchement?

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