Alors que le monde virtuel va de plus en plus vite, le monde physique ralentit

Dans « The death of Distance« , Frances Cairncross a parlé de la fin de la distance, conséquence de la révolution de la communication. Il est vrai que dans le monde numérique, il n’y a jamais eu autant de possibilités de communiquer entre nous et de gagner du temps. Alors que dans le monde physique, les transports semblent devenir de plus en plus lents. Il n’y a presque aucun moyen de transport qui soit plus rapide qu’avant.

Zoomer, WhatsApper, envoyer des SMS, téléphoner, tout y passe. Il existe aujourd’hui des centaines de façons de se connecter instantanément avec n’importe qui dans le monde. Cela offre des possibilités fantastiques que nous connaissons tous, telles que les voyages qui n’ont plus lieu d’être, le travail à domicile, etc. L’ancienne journaliste de The Economist Frances Cairncross a parlé de « la fin de la distance » dans son best-seller de 2001, où elle décrit comment les nouveaux moyens de communication bouleversent nos vies.

Pourtant, il est frappant de constater qu’alors que la distance virtuelle est devenue si petite, nous nous déplaçons à un rythme de plus en plus lent dans le monde physique. Les cinq moyens de transport suivants illustrent le fait que « la mort de la distance » ne s’applique certainement pas à chaque fois que nous devons encore emmener notre corps à un autre endroit.

La voiture

Il va sans dire que malgré l’essor du travail à domicile, les embouteillages ne cessent d’augmenter. Autrefois, les embouteillages étaient un problème beaucoup moins présent – de nos jours il faut se réjouir de ne pas rencontrer de bouchons sur la route, ce qui est quasi-impossible. Les embouteillages sont revenus à leur niveau normal après la pandémie de coronavirus, comme le montrent les chiffres du gouvernement. De plus, la « voiture reine » est presque bannie dans de nombreuses villes, ce qui fait qu’il n’est pas facile d’y entrer.

Embouteillages – nombre de kilomètres d’embouteillages par jour ouvré en Région flamande.

Comme si cela ne suffisait pas, nous conduisons de plus en plus de voitures électriques qui nécessitent des arrêts réguliers pour faire le plein, des arrêts qui peuvent facilement durer de 30 à 50 minutes. Cela ne veut pas dire que nous devrions tous revenir aux voitures à essence. Cela indique simplement que tout va moins vite qu’avant.

L’avion

L’avion, où autrefois des hôtesses nous servaient avec plaisir et avec beaucoup d’espace pour les jambes – nous n’avons malheureusement pas vécu cela nous-mêmes, mais les photos de l’archive Sabena parlent d’elles-mêmes – est aujourd’hui une véritable épreuve olympique. Il faut partir en pleine nuit pour arriver au moins deux heures à l’avance à l’aéroport où l’on doit se soumettre à de nombreux contrôles, au départ, mais aussi à l’arrivée. Après tout, les terroristes étaient peu nombreux au siècle dernier et les mesures de sécurité étaient beaucoup plus souples, jusqu’à ce fameux 11 septembre 2001.

Aux États-Unis – en Europe, les terroristes étaient actifs plus tôt, il suffit de penser au groupe Baader-Meinhoff -, il n’était même pas nécessaire d’avoir une carte d’embarquement ou de présenter un passeport. Tout a changé après les attentats du 11 septembre à New York, et la situation est devenue beaucoup plus difficile. Aujourd’hui, chaque fois que l’on veut prendre l’avion, on est fouillé de fond en comble. Tout manque de sérieux est sanctionné. Si vous transportez des bagages qui dépassent en longueur ou en largeur, vous devez payer un supplément ou vous ne pouvez même pas partir. Toute l’expérience du voyage est devenue beaucoup plus stressante.

Le train

Bien que les trains roulent toujours aussi vite qu’il y a 50 ans, même en ajoutant le TGV qui vous emmène très vite vers certaines destinations, le fait est que les chances que votre train soit ou arrive à l’heure sont de plus en plus minces, comme le montrent les propres chiffres de la SNCB ci-dessous.

Ponctualité générale – SNCB

Le bus

Ce qui est vrai pour le train l’est aussi pour le bus. Bien que le concept de bus express ait été introduit et qu’il puisse circuler sans encombrement sur les autoroutes, le passager moyen du bus est toujours beaucoup plus lent à atteindre sa destination qu’auparavant en raison de l’augmentation des bouchons. De plus, les chances que le bus ne soit pas là sont très élevées, ce qui entraîne un stress supplémentaire.

Le vélo

Celui-ci, en revanche, se porte bien. Les Speedelecs, les vélos électriques puissants, sont un exemple de mode de transport efficace qui vous permet d’aller d’un point A à un point B rapidement, sans embouteillage. Il peut mettre en danger la vie des autres usagers vulnérables de la route, mais au moins, il fait ce qu’il est censé faire. Il vous amène à votre destination plus rapidement qu’autrefois, ce que l’on ne peut pas dire des quatre autres moyens de transport.


Xavier Verellen est auteur et entrepreneur.

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