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Alors que la Chine prend l’eau, l’Inde est un « point lumineux dans le panorama économique mondial »

Alors que la Chine prend l’eau, l’Inde est un « point lumineux dans le panorama économique mondial »
À l’inverse des Chinois, les Indiens consomment encore et soutiennent leur économie. Photographer: Prakash Singh/Bloomberg via Getty Images

Alors que la Chine sombre, l’Inde prend de la vitesse. Le FMI a relevé ses prévisions de croissance à 6,3% du PIB, et cette bonne santé devrait se maintenir. Jusqu’au prochain vrai défi pour New Delhi, du moins.

Pourquoi est-ce important ?

Il y a quelques années encore, ça aurait été un scénario d'anticipation un peu tiré par les cheveux. L'Empire du Milieu semblait inarrêtable dans sa course vers la place de première puissance économique mondiale. Et puis le virus est passé par là, et l'économie chinoise a l'air d'avoir perdu le feu sacré. À l'inverse de celle de l'Inde, qui se positionne de plus en plus comme sa grande rivale et s'entend bien mieux avec les USA.

Dans l’actualité : alors que la récession menace de nombreuses parties du monde, l’Inde fait figure de grande exception. Le FMI a relevé à la hausse ses prévisions de croissance pour 2023, pour l’autre titan asiatique. Selon la mise à jour d’octobre des Perspectives économiques mondiales, New Delhi peut espérer 6,3% de croissance, contre 6,1% précédemment.

« L’Inde continuera d’être un point lumineux dans le panorama économique mondial. Le pays a été privilégié par les investisseurs étrangers ces dernières années, reflétant une perspective à long terme prometteuse soutenue par une démographie jeune et une classe moyenne en rapide expansion. Nous nous attendons à ce que cette tendance continue. »

Alicia Garcia-Herrero, économiste en chef pour l’Asie-Pacifique chez Natixis, auprès de CNBC

L’Inde a ce que la Chine a perdu

Alors que la Chine a perdu la clef de contact, l’Inde a pu cultiver des avantages économiques qui sont, précisément, ceux que le grand voisin communiste n’arrive plus à utiliser.

  • Des investisseurs étrangers enthousiastes : en pleine guerre commerciale avec les USA, Pékin voit cette manne se tarir. Les préoccupations envers l’espionnage économique ou les droits humains effraient aussi nombre de multinationales. L’Inde propose, elle, une alternative intéressante.
  • Une consommation intérieure dynamique : alors que les Chinois n’achètent plus grand-chose, les Indiens représenteront le troisième plus grand marché intérieur au monde d’ici 2027, selon BMI Research.

Attention aux vents contraires

Dans ce contexte, le FMI voit la croissance indienne se renforcer dans les années à venir, avec une projection de croissance de 6,3% pour 2024. Mais d’ici là, tout peut arriver.

  • Les tensions aux frontières : l’Inde a une frontière disputée avec la Chine, encore elle. Même si une guerre paraît peu probable pour quelques arpents d’Himalaya, les escarmouches se sont multipliées ces dernières années.
  • Les relations avec les USA : elles étaient plutôt bonnes, au sortir du G7. Mais l’affaire de l’assassinat d’un leader sikh au Canada, derrière laquelle on suspecte la main de New Delhi, a tout de suite refroidi la bonne humeur.
  • Une population qui vieillira vite : la pyramide des âges devrait s’inverser très vite. Pour l’heure très jeune et dynamique, la population indienne comptera une personne âgée sur cinq d’ici 2050, avec les problèmes de santé et de retraite que cela annonce.
  • Sa dépendance au pétrole : New Delhi importe plus de 80% de sa consommation de pétrole, qui devrait d’ailleurs encore grimper. Malgré les efforts réels pour développer le renouvelable, l’Inde reste très dépendante. Et parier sur la filière russe pour étancher sa soif n’est peut-être pas très sûr.
  • La sécheresse : les réserves d’eau de l’Inde sont en dessous de la moyenne de 10 ans, dans le sud du pays. C’est d’autant plus dangereux que l’Inde reste encore un pays très agricole, qui a une population énorme à nourrir. Et qu’une crise mondiale du riz semble crédible.

« Un déficit courant croissant, une inflation en hausse et des tensions géopolitiques accrues seront les principaux vents contraires pour l’Inde. […] L’Inde n’augmente pas sa productivité autant qu’il le faudrait pour rendre sa croissance durable dans le temps. Mais cela ne deviendra un problème que dans les deux prochaines décennies, ce n’est pas un problème immédiat. »

Alicia Garcia-Herrero
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