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L’Allemagne confirme son offensive commerciale contre la Chine en lui bloquant l’accès à des technologies essentielles

L’Allemagne confirme son offensive commerciale contre la Chine en lui bloquant l’accès à des technologies essentielles
Olaf Scholz (l) en Xi Jinping (r) — foto: Getty

L’Allemagne est en discussion pour limiter l’exportation de produits chimiques pour la fabrication de puces électroniques à destination de la Chine, une mesure qui couperait l’accès de Pékin aux biens et services nécessaires à la production de semi-conducteurs avancés.

Pourquoi est-ce important ?

Depuis plusieurs mois, l'Allemagne prend une position plus ferme envers Pékin, essayant de renforcer sa résilience économique et de limiter sa dépendance à la Chine, tout en cherchant à équilibrer les énormes intérêts de Berlin dans l'Empire du Milieu.

Dans l’actu : Selon Bloomberg, l’Allemagne est en discussion pour limiter l’exportation de produits chimiques vers la Chine qui sont utilisés pour la fabrication de semi-conducteurs.

  • Cette mesure empêcherait des entreprises allemandes telles que Merck et BASF de vendre certains de leurs produits chimiques utilisés pour les semi-conducteurs à la Chine.
    • À l’annonce de ces discussions, l’action BASF a reculé de 4,3% à Francfort.
  • Entre les lignes : le chancelier allemand Olaf Scholz et son ministre l’Économie Robert Habeck travaillent avec les alliés européens et les États-Unis pour bloquer l’accès de la Chine à des technologies clés.
    • Les semi-conducteurs sont essentiels dans la chaîne d’approvisionnement mondiale, présents dans de nombreux appareils, tels que les voitures, les smartphones et les réfrigérateurs.
    • Bloquer l’accès de ces matériaux à la Chine pourrait donc freiner sa capacité à développer son industrie technologique.

Les causes : Olaf Scholz intensifie ses efforts pour réduire l’exposition économique de l’Allemagne à la Chine. Mais pourquoi donc ?

  • Cette situation résulte de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, dans laquelle Pékin maintient une position plus qu’ambiguë.
    • Même si la Chine répète à tout va qu’elle est neutre dans le conflit, les relations entre l’Europe et la Chine se sont tendues, notamment après que le président Xi Jinping et Vladimir Poutine ont déclaré une amitié « sans limites » quelques semaines avant l’invasion de l’Ukraine par Moscou.
    • Pour ne rien arranger, l’ambassadeur de Chine en France a très récemment remis en question la souveraineté des États issus de la dissolution de l’Union soviétique, trahissant les véritables intensions de Pékin.
  • L’hostilité croissante de Pékin vis-a-vis de Taïwan pèse également dans la balance.
    • Au début du mois, la ministre allemande des Affaires étrangères a prévenu son homologue chinois que la déstabilisation de Taïwan serait un « scénario d’horreur ».
  • Sans compter que l’Allemagne ne veut pas reproduire les mêmes erreurs qu’avec la Russie, sa dépendance énergétique vis-a-vis de Moscou l’ayant gravement desservie depuis l’invasion de l’Ukraine.

Le plus grand partenaire commercial de l’Allemagne

Toutefois : Une telle décision laisserait des marques sur l’économie allemande.

  • Pékin ne resterait sans doute pas les bras croisés si un tel blocus devait entrer en vigueur, et pourrait revoir en retour ses liens économiques avec l’Allemagne.
  • Or la Chine est devenue le plus important partenaire commercial de Berlin depuis 2016, indique une étude de BNP Paribas.
    • Les importations allemandes en provenance de Chine représentaient l’an dernier près de 12% du commerce total de l’Allemagne, et les exportations 8%.
    • Les fleurons industriels allemands dépendent également de la demande intérieure chinoise puisqu’ils y réalisent environ 20% de leurs ventes.
  • L’Allemagne a donc devant elle un long chemin tortueux pour réduire sa dépendance économique vis-à-vis de la Chine.
  • C’est pourquoi Olaf Scholz cherche tout de même à arrondir les angles, en maintenant des relations ouvertes avec Pékin malgré ces restrictions.
    • Il a ainsi invité le Premier ministre chinois Li Qiang à des discussions à Berlin le 20 juin dans une tentative de détendre les dernières tensions entre l’Europe et la Chine.
    • Le chancelier s’est également prononcé contre une indépendance économique vis-a-vis de la Chine du jour au lendemain et préconise plutôt une stratégie progressive sur les prochaines années.
Source : BNP Paribas
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