L’Allemagne coiffe les États-Unis au poteau et remporte la course pour construire une méga-usine de batteries pour voitures électriques

Le producteur suédois de batteries Northvolt a annoncé qu’il investirait des milliards d’euros en Allemagne pour monter une usine spécialisée dans la fabrication de batteries pour voitures électriques. Une grande victoire pour Berlin, une amère déception pour les États-Unis.

Pourquoi est-ce important ?

La course aux batteries fait rage entre les États-Unis et l'Europe, alors que les véhicules électriques sont appelés à prendre de plus en plus d'importance, avec l'interdiction de l'UE en 2035 de vendre des voitures neuves à moteur thermique. Les Américains ont mis en place l'Inflation Reduction Act pour mettre toutes leurs chances de leur côté, mais l'Europe n'est pas restée les bras croisés.

Dans l’actu : Northvolt pourrait investir entre 3 et 5 milliards d’euros dans une nouvelle usine en Allemagne, rapporte le site Euractiv.

  • L’entreprise suédoise devrait recevoir environ 500 millions d’euros de subventions allemandes, selon le média européen qui cite deux sources proche du dossier.
  • Le volume de production annuel après la montée en puissance de l’usine sera de 60 GWh et permettra d’alimenter environ un million de véhicules électriques.
  • Le gouvernement allemand et les pouvoirs locaux espèrent remplir les conditions nécessaires cette année pour commencer la construction dès que possible et livrer les premières cellules de batteries en 2026.
  • « Avec les prochaines étapes de Northvolt, l’Allemagne peut se réjouir de l’un des projets phares les plus importants de la transition énergétique et des transports, qui créera des milliers d’emplois dans les technologies vertes », a déclaré dans un communiqué le ministre allemand de l’Économie, Robert Habeck.
    • Concrètement, 3000 emplois seront créés à Heide, où l’usine sera construite, mais « des milliers d’autres dans l’industrie et le secteur des services environnants » devraient suivre, selon le ministre.
  • Tant les représentants de Northvolt que du gouvernement allemand ont indiqué que les chiffres exacts des investissements et du financement n’étaient pas définitivement établis et étaient sujets à l’approbation de la Commission européenne.

Entre les lignes : Une victoire écrasante de l’Union européenne sur les États-Unis.

  • Plusieurs entreprises ont annoncé accéléré leurs investissements en Amérique du Nord grâce à l’IRA, parfois au détriment de l’Europe (notamment Tesla en Allemagne), et surtout Northvolt, qui avait indiqué mettre en suspens ses plans en Allemagne pour se focaliser sur les États-Unis, grâce aux juteuses subventions de l’Inflation Reduction Act (IRA).
  • Et puis la contre-attaque de l’UE a finalement commencé début mars.
  • Elle a ainsi annoncé la mise en place du « Cadre temporaire de crise et de transition » (TCTF) pour favoriser les mesures de soutien dans les secteurs clés pour la transition vers une économie neutre en émissions de CO2.
    • Dans certaines situations, ce mécanisme autorise les pays membres de l’Union européenne à égaliser les subventions accordées par des pays étrangers, notamment les États-Unis.
  • C’est dans ce TCTF que l’Allemagne compte bien aller piocher pour financer cette méga-usine de Northvolt.
    • « L’aide d’État prévue doit être approuvée par la Commission européenne sur la base du TCTF ; le gouvernement fédéral allemand et la Commission européenne ont entamé des discussions constructives. Si la Commission européenne approuve le financement, le TCTF sera utilisé pour la première fois en Allemagne », explique Robert Habeck.
    • « Il est formidable que l’UE ait ouvert la voie à Northvolt pour qu’elle s’installe ici avec le TCTF, apportant ainsi une réponse à l’IRA américain dans un délai très court« , se réjouit pour sa part Daniel Günther, Ministre-Président de la région allemande du Schleswig Holstein.
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