Un pas de plus vers l’adhésion de la Suède à l’OTAN ; maintenant c’est Budapest qu’il faut faire céder

Avec un projet de loi devant le nouveau parlement turc, l’adhésion de la Suède à l’OTAN n’est plus qu’une question (d’encore plus de) temps. Du moins si la Hongrie ne se met pas en tête de se livrer à un chantage similaire.

Pourquoi est-ce important ?

C'est le grand chamboulement géopolitique de la décennie. La guerre de Poutine en Ukraine, présentée comme préventive pour contrecarrer l'élargissement de l'OTAN vers les frontières russes, a eu pile l'effet inverse. Si l'Ukraine ou la Géorgie ne rejoindront pas l'Alliance à court terme, ce sont les pays nordiques, traditionnellement neutres, qui ont décidé de passer ce cap. Ce qui a aussi mis en évidence les dissensions au sein de l'OTAN.

Feu vert turc

Dans l’actualité : le président turc Recep Tayyip Erdoğan a signé le projet de loi intégrant la Suède à l’OTAN, et l’a renvoyé vers son parlement pour ratification.

  • Erdoğan tient donc sa promesse de s’occuper de ce point dès la formation du nouveau parlement turc suite aux élections. Après le long véto turc, c’est un soulagement pour la Suède, qui a du toutefois s’aplatir sur toute la ligne devant les exigences d’Ankara.
  • Stockholm devra encore renforcer l’extradition des demandeurs d’asile kurdes vivant en Suède, suspectés d’être proches des mouvements autonomes kurdes. Le pays nordiques ne pourra plus non plus s’opposer à des livraisons d’armes à la Turquie.

Reste Budapest

Côté turc, la question semble enfin réglée. Mais la Hongrie n’a toujours pas non plus ratifié l’extension de l’Alliance à la Suède. Rappelons que l’unanimité des membres est incontournable. Sauf que Budapest n’a jamais donné de vraies raisons à ses hésitations. Le président Orban a bien évoqué des critiques suédoises envers l’état de la démocratie hongroise, rappelle The Guardian. Mais rien de plus concret.

  • Il est de notoriété publique que Viktor Orban garde des liens privilégiés avec Pékin, et surtout Moscou. Sa récente poignée de main avec Vladimir Poutine lui a valu une volée de bois vert de la part des autres Européens.
  • Mais serait-il capable de garder, tout seul, son véto à l’entrée de la Suède ? C’est peu probable. Sa position semblait alignée sur celle de la Turquie, quand bien même il n’avait rien de bien concret à y gagner.
  • Des responsables au sein de l’OTAN ont déclaré que la Hongrie les avait constamment rassurés en disant qu’elle ne serait pas la dernière à ratifier. Le feu vert turc devrait donc envoyer un signal suffisant à Budapest.
  • Reste que tout cela prend du temps, ce qui frustre les Suédois et les membres les plus impliqués de l’Alliance. Cela met en évidence le point faible de celle-ci : politiquement, les pays membres ne sont guère toujours sur la même longueur d’onde. Et la Turquie, acteur militaire incontournable en particulier en mer Noire, peut aisément tirer la couverture à elle. Tout en suivant un agenda qui lui est propre, en particulier dans le Caucase, où elle se tisse une sphère d’influence.
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