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Adhésion de la Finlande et la Suède à l’OTAN : et à la fin, c’est la Turquie qui gagne

Adhésion de la Finlande et la Suède à l’OTAN : et à la fin, c’est la Turquie qui gagne
Le président turc Erdogan au centre, à Madrid, pour signer les nouveaux accords de l’OTAN. . (Photo by TUR Presidency/ Murat Cetinmuhurdar/Anadolu Agency via Getty Images)

L’information est tombée hier soir : la diplomatie turque a finalement accepté de lever ses doutes sur les candidatures finlandaises et suédoises pour l’adhésion à l’OTAN qui, traditionnellement, ne peut se valider qu’avec l’approbation unanime de l’ensemble des membres de l’Alliance atlantique.

Selon les procédures de l’OTAN, les deux pays nordiques deviennent désormais des invités et devront suivre le processus de ratification de l’Alliance. Les 30 membres de l’OTAN doivent dorénavant approuver leur candidature, ce qui implique, dans de nombreux cas, que les parlements nationaux doivent donner leur feu vert. Dans l’intervalle, les deux pays pourront participer à toutes les réunions, mais sans droit de vote.

Camouflet à la Russie…

Géopolitiquement, ça change tout : la Russie va à terme se retrouver avec l’OTAN sur sa frontière nord, alors que la principale motivation de la guerre de Vladimir Poutine en Ukraine, dans un premier temps du moins, était d’empêcher de voir l’Alliance s’y implanter sur son sud. Une catastrophe donc, pour le Kremlin, et contre laquelle il ne peut pas faire grand-chose.

Mais le grand gagnant dans l’histoire, c’est sans doute le gouvernement turc : en acceptant de mettre de côté son veto, il obtient en fait des garanties que les deux pays nordiques, et en particulier la Suède, ne se mêleront pas des affaires considérées comme exclusivement turques et s’engageront à ne pas mettre des bâtons dans les roues d’Ankara : dans le mémorandum de mardi, dont les engagements doivent être étoffés au cours des prochains jours, les deux pays nordiques s’engagent à répondre aux préoccupations de la Turquie en matière de sécurité.

… Et cadeau à la Turquie

En outre, le ministère turc des Affaires étrangères a déclaré que le vice-ministre suédois des Affaires étrangères, Robert Rydberg, se rendrait à Ankara mercredi pour des discussions « approfondies » destinées à régler les derniers détails.

« En tant qu’alliés de l’OTAN, la Finlande et la Suède s’engagent à soutenir pleinement la Turquie contre les menaces pesant sur sa sécurité nationale. Cela inclut la poursuite de la modification de leur législation nationale, la répression des activités du PKK et la conclusion d’un accord d’extradition avec la Turquie », a déclaré M. Stoltenberg, cité par Euractiv. Le texte signé par les trois dirigeants indique que la Finlande et la Suède « apporteront leur plein soutien » et, surtout, « ne fourniraient pas de soutien » aux groupes kurdes syriens PYD/YPG qui ont été actifs dans la lutte contre l’État islamique (EI) en Syrie, et contre lesquels la Turquie mène une guerre.

La Suède a en effet longtemps incarné un havre pour les réfugiés kurdes, voire un bastion depuis lequel les activistes nationalistes pouvaient opérer, au moins pour faire pression sur la scène internationale. Il semble qu’au nom d’intérêts supérieurs, cette époque soit révolue. Le président turc Erdogan ne qualifiera sans doute plus le royaume nordique de « pépinière des organisations terroristes. »

Les deux pays nordiques ont également réaffirmé dans l’accord qu’il n’y avait pas d’embargo national sur les armes concernant les ventes à la Turquie, comme ça avait été le cas après l’offensive turque lancée en 2019 contre les milices kurdes syriennes.

Membre incontournable de l’OTAN

À Ankara, on peut donc se réjouir : non seulement le gouvernement d’Erdogan a réussi à faire pression sur deux autres pays en mettant dans la balance les intérêts de l’ensemble de l’Alliance atlantique, mais il s’est aussi érigé en membre essentiel de celle-ci, alors que le pays avait vu son image ternie. L’armée turque est en effet coutumière des manœuvres d’intimidation envers d’autres flottes de l’OTAN, au large de la Libye, mais aussi autour de certaines îles grecques plus récemment.

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