À Singapour, les patients Covid non-vaccinés vont perdre la gratuité des soins: voici à combien s’élèvera leur facture

Considéré comme l’un des pays ayant le mieux géré la crise du coronavirus au monde, Singapour possède également l’un des taux de vaccination les plus élèves de la planète (plus de 82% de la population est entièrement vaccinée). Mais ce n’est pas encore suffisant, puisque la cité-Etat asiatique fait actuellement face à sa vague la plus violente.

Pour faire face à cette forte hausse des cas, les autorités ont annoncé prendre une mesure particulièrement sévère pour les personnes refusant la vaccination. Le ministère de la Santé a fait savoir lundi que le gouvernement ne prendrait plus en charge les frais médicaux liés au coronavirus des patients non-vaccinés par choix.

Pour se justifier, les autorités ont expliqué que les personnes non-vaccinées représentaient « une majorité importante des personnes nécessitant des soins intensifs en milieu hospitalier et contribuaient de manière disproportionnée à la pression exercée sur nos ressources de soins de santé ».

Jeudi, le ministère de la Santé a publié des données montrant que les personnes âgées de plus de 60 ans qui ne sont pas totalement protégées avaient plus de 25 fois plus de risques de se retrouver en soins intensifs que leurs homologues vaccinés.

La mesure entrera en vigueur à partir du 8 décembre prochain. Le temps, le gouvernement l’espère, que cette annonce-choc pousse les réfractaires à se faire vacciner.

Des milliers et des milliers de dollars

Vous l’aurez compris, si le gouvernement singapourien prend une telle décision, cela signifie que, jusqu’à présent, il a protégé les résidents et les citoyens du coût du traitement contre le Covid-19 tout au long de la pandémie en couvrant intégralement tout le monde. Ce ne sera donc bientôt plus le cas.

Interrogé par le média américain Bloomberg, le ministère de la Santé a accepté de faire une estimation du montant que devront débourser les patients Covid non-vaccinés. Pour les plus malades, qui auront séjourné dans une unité de soins intensifs, la facture devrait s’élever à 25.000 dollars singapouriens, soit un peu plus de 16.000 euros.

Un montant très élevé qui pourra toutefois être quelque peu diminué grâce à des subventions gouvernementales pour les personnes pauvres et à un plan national d’assurance maladie peuvant réduire les frais des personnes éligibles. Cela représentera une réduction de 2.000 à 4.000 dollars singapouriens (1.300 à 2.600 euros). Les patients peuvent aussi choisir de recourir à une politique nationale d’épargne médicale pour réduire encore ce chiffre, précise le ministère de la Santé.

« Le montant de la facture variera en fonction de la gravité de l’état du patient et du type d’établissement où les soins sont dispensés », conclut-il.

Doute au niveau des assurances

Naturellement, l’annonce de cette mesure a suscité beaucoup de craintes chez les personnes non-vaccinées. Les assureurs ont cherché à rassurer leurs clients en leur disant qu’ils les aideraient à supporter le poids de ces coûts. Deux des plus grandes compagnies d’assurance de Singapour, Great Eastern Holdings Ltd. et AIA Singapore Pte., ont déclaré dans des communiqués distincts qu’elles continueraient à subventionner les demandes de remboursement des clients, quel que soit leur statut vaccinal.

Toutefois, cela pourrait ne pas durer, et ne pas concerner toutes les assurances. Les compagnies pourraient être amenées à abandonner leur couverture à l’avenir, a déclaré le directeur général d’AVA Insurance Brokers Michael Chew. « Nous ne pouvons pas assurer quelque chose qui va à l’encontre de la politique publique », a-t-il prévenu.

En plus de cette épée de Damoclès financière qui planera bientôt au-dessus de leur tête, les Singapouriens de plus de 12 ans non-vaccinés par choix sont déjà sous le coup de restrictions dans leur quotidien. Depuis un mois, ils ne sont par exemple plus admis au sein des centres commerciaux. Présenter un test négatif ne suffit pas à passer outre cette interdiction: il faut aussi présenter un motif valable justifiant la non-vaccination.

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